Heidelberg
Petite présentation des lieux
Heidelberg est une symathique cité située sur les rives de la Neckar, qui va se jeter quelques kilomètres en aval dans le Rhin.
Pour présenter les choses rapidement, la cité se décompose en plusieurs parties principales. Suivons si vous le voulez bien le cours de la Neckar. En sortant des
verdoyantes collines et montagnes couvertes de forêts, c'est d'abord la vieille ville qui va apparaître sur votre gauche. En levant le nez, vous pourrez
admirer les ruines d'un magnifique chateau surplombant la vallée et la ville. Puis en se laissant porter par le courant, vous allez passer sous un vieux pont aux
pierres rose-orangé. Il s'agit de la fierté de la ville, un pont initiallement bati il y a plusieurs siècles mais dynamité par les troupes allemandes au moment
de quitter la ville à la fin de la seconde Guerre Mondiale. Il fut par la suite rapidement reconstruit et je vous en reparlerai juste après. Car je suis sensé
présenter la configuration générale de la ville. Donc, nous disions que nous passons sous le pont . A droite, nous avons alors une route prise entre le fleuve
et une colline pentue toute verte de verdure abreuvée par les pluies de la région. A gauche, c'est la vieille ville, et ses ruelles touristiques pleines de touristes.
Il y règne une folle activité et on peut y flaner facilement. Mais ne perdons pas de temps. On avance encore, et la vieille ville laisse la place à la ville moderne
sur notre gauche. Plusieurs ponts sont jetés par dessus le fleuve, et ceux-ci sont ouverts à la circulation. Les voitures quittent le centre, sur la gauche, pour se rendre
sur l'immense zone du campus, qui occupe une bonne partie de la rive droite désormais. Les rives sont cependant bordées en premier lieu de pelouses sur plus d'un kilomètre où
se prélassent jeunes et moins jeunes, dès lors qu'il ne pleut pas et que l'herbe est sèche. S'il on continue encore, le fleuve se sépare en continuant son cours
sur la gauche et sous la forme d'un canal sur la droite où des écluses permettent le passage des péniches. A compter de ce niveau, à gauche comme à droite les collines
ont disparu et c'est dès lors l'imposante plaine de la Ruhr.
Balades
Maintenant que les lieux ont été décrits, prenons le cours des évènements et repartons de Strasbourg, d'où commence le périple.
C'est en TGV que je quitte la France pour l'Allemagne. Depuis la gare de Strasbourg et sa verrière bulle magnifique, je prends un itinéraire ferroviaire
que je n'avais pas encore expérimenté et que nous fait passer par la gare de Krimmeri pour finalement traverser le Rhin en parallèle
au Pont de l'Europe. De là, la Passerelle du Jardin des Deux Rives est bien visible. Puis c'est l'Allemagne qui arrive alors et la première étape se fait
en gare de Karlsruhe. De grands panneaux sous suspendus sous les arches de la verrière pour annoncer la ville. Un petit passage dans les lugubres
sous-terrains, et je remonte sur le quai d'où partira ma correspondance me mènera jusqu'à Heidelberg. Les trains allemands, c'est sympa. On a de
la place pour les jambes, les places sont étiquetées pour que l'on sache si les sièges sont disponibles ou non, et en plus on nous offre les feuilles
de route du train, ce qui permet de savoir à quelle heure on arrive, sur quel quai, quelles seront les correspondances dans chacune des gares traversées
et à chaque fois de quelle voie partiront les trains dans celle-ci. C'est pratique, ça fait gagner du temps et les collègues français de nos voisins
allemands pourraient s'en inspirer, ça décongestionnerait bien le hall bondé de Montparnasse de temps en temps...
La gare d'Heidelberg se situe sur la rive gauche, assez excentrée par rapport au centre vivant de la ville. Néanmoins, bus, trams et trolleys passent
sans cesse à proximité, permettant de rallier le centre en une dizaine de minutes. Ce sont de vieilles rames pour la plupart des trams, très surrélevées
par rapport à la chaussée, et pas très adaptées aux populations en fauteil roulant. C'est aussi assez étroit, mais bon. Pour l'heure, de toute façon, je
m'équipe d'une carte de transports valable trois jours et c'est en bus que je rallie le centre, ou plutôt l'extrémité extérieure de la vieille ville, me
retrouvant avec mon bon gros sac à dos bien lourd rempli d'habits, d'un sac de couchage et de chaussures de randonnée. Plein d'énergie, enthousiasmé par
ma lecture en cours du "Dragon Keeper" de l'excellente Mrs Hobb, je débarque donc sous un grand beau Soleil encourageant sur les bords de la Neckar. Quel
plaisir de se promener au bord de l'eau, de sentir la fraîcheur du limpide liquide et de l'air frais qui chemine en suivant le cours du fleuve. En face
de moi, il y a le pont que j'ai déjà évoqué, et à ma gauche, au-dessus, les ruines du chateau. Sachant que je dois retrouver mon hébergeur et ami en fin
d'après-midi, j'ai quelques heures pour me promener. Il est donc décidé que j'explorerai la vieille ville et les abords de la rivière, jusqu'à
épuisement. Ce détail est d'ailleurs assez utile à noter car le poids de la chose sur mon dos n'est pas négligeable. Néanmoins, je m'aventure bien
vite sur le pont. Et ceci est donc ma première excellente impression de cette ville. Le pont de pierres colorées, uniquement piéton, s'ouvre par une
tour avec un passage couvert aménagé. Une grande plaque sur la droite rappelle l'histoire du pont, de son symbole pour la ville et de l'importance de le
préserver. Sur le pont, un joueur d'accordéon entonne des airs populaires (pour une fois ce n'est pas du Piaf - preuve que nous ne sommes pas en France,
ce sont plutôt des airs hispanisants). Enfin, je me retourne vers l'amont du fleuve. Ô joie, ô bonheur. Le fleuve irisé des reflets du soleil, avec au
dessus des reliefs verdoyants sur chacune des rives, et au-dessus du coude de la Neckar qui va se cacher derrière une forêt à dos de colline, encore un
autre vallon couvert d'arbres. Au-dessus, le ciel blanc moucheté des nuages blanc. Mais dites-moi, c'est merveilleusement beau ! Et aussitôt, j'imagine
qu'en hiver, sur ce petit pont typique et avec 40cm de neige, ce doit être sacrément sympa. Plutôt que de passer sur l'autre rive et de longer les rives
sur l'unique route vraiment accessible, je reviens sur mes pas et pars à l'assaut de la vieille ville.
C'est donc plein de petites rues et d'artères piétonnes commerçantes qui s'ouvrent à moi. Plein d'églises aussi. Au détour d'une ruelle, je passe devant
les ruines de l'ancienne synagogue de la ville, qui fut incendiée pendant la Nuit de Cristal. Trimballant toujours mon gros sac à dos bien lourd, je passe
devant les bars, les cinémas, je m'assoie une ou deux fois pour reprendre des forces, puis arrive sur le noeud central des transports en commun, là où
passent la moitié des lignes de tram et de bus (l'équivalent d'un Commerce nantais, d'un Homme de Fer Strasbourgeois ou d'un Bellecour lyonnais, en
quelque sorte). je tournicote autour, mais ne sachant trop que faire, revient sur mes pas, vadrouille un peu, puis, vaincu par KO par mon dos épuisé,
retourne à la gare attendre mon vieux compère, replongeant le nez dans les écrits de mon amie Hobb en attendant. J'en profite pour tenter (ou pour être
entraîné...) dans une discussion en allemand avec un bonhomme au look bizard et à la barbe blanche mal rasée qui tient sa canette de bière à la main. Il semble
être intrigué par mon livre anglais, je dois donc retrouver mes vieux rouages de la douceulangueudeGoethe pour tenir quelques minutes. En tout cas, ça fait
plaisir d'être compris, et encore plus de comprendre, après la traumatisante expérience de l'incompréhensible schweizerdeutsch de l'année passée... Après
avoir retrouvé celui que je désignerai sous le nom anonyme de Monsieur L. nous allons vers le campus pour la soirée. Mes jambes et mon dos étant dans un
état assez triste, la soirée sera calme, avec un petit repas (après être passé acheter de quoi se désaltérer dans un supermarché du coin) et un bon dodo.
Les étudiants de l'université d'Heidelberg ont le droit à de grandes tours pleines de logements et de colloc, à l'intérieur même du campus et au pied de
la Neckar, si bien que l'on entend le bruit du fleuve au travers du barrage tout proche. Néanmoins, ce n'est pas cela qui empêche de dormir.
J2
Seconde journée, première de promenade à l'extérieur. Au matin, de nombreux nuages sont venus couvrir le ciel d'un bas plafond blanc. L'air s'est
rafraîchi, mais le ciel laisse espérer que la journée ne sera pas catastrophique. Je suis donc de bon matin mon bon ami vers l'institut de physique expérimentale
en suivant les rives du fleuve, découvrant les bans de brume matinaux accrochés aux cimes des reliefs de la ville. Dans l'institut, je n'ai pas croisé
Mary Malone, ni de Caverne mais j'ai tout de même vu les montages et détecteurs sur lesquels s'escriment de valeurs thésards et chercheurs. Suite à cela,
je quitte donc la vénérable institution pour emprunter l'allée des Philosophes, où de non moins vénérables grands noms de la littérature allemande se sont
maint fois promenés, plongés dans de profondes réflexions. c'est avec l'esprit bien plus guilleret et moins tourmenté que je me suis attaqué à la forte
déclivité de la rue qui va se perdre très vite au-dessus des maisons dans le sous-bois d'une des collines. La première étape me mène sur un jardin
surplombant le fleuve avec une bonne vue sur le Chateau. Je monte rapidement sous les branches et grimpe à une première tour d'observation battie au
début du siècle. Je monte les marches dans une odeur de terre humide où se mêlent les effluves propres aux bâtiments ouverts à tous vents et m'offre
une première vue de choix sur la vallée d'Heidelberg se prolongeant par la plaine de la Ruhr. Motivé par ce premier avant-goût de ce qui m'attend, je
poursuis l'ascension. On m'a briefé sur les éléments intéressants de cette dernière et c'est donc en connaissance de cause que j'arrive au Thingstätte,
un immense amphithéâtre construit à flan de colline par de jeunes étudiants "enthousiastes" au début des années 1930 afin de permettre aux NS d'organiser de
grands évènements. Les lieux sont encore utilisés dans des buts moins litigieux et le décor est particulièrement édifiant, au coeur de l'écrin de verdure
et sous un ciel s'alourdissant méchamment, au point même que les première gouttes de pluie de la journée ont en fait accompagné mon arrivée sur les lieux. Ce ne
sont cependant pas ces quelques goutelettes qui m'arrêtent et c'est donc d'un pas alerte que je remonte les gradins envahis par les herbes pour atteindre la partie
supérieure de l'amphithéâtre. Il me reste encore un petit bout de chemin avant d'atteindre les ruines millénaires du cloître St Michael, tout en haut de
la colline, au plus proche des nuages et de la pluie qui en quelques minutes a doublé d'intensité. Les lieux sont assez bien conservés et ont aussi été en
partie reconstitués, avec notamment une cave préservée et une tour reconstruite. De là-haut, il est possible de voir la ville et la plaine, mais pour
cela les bans de brumes doivent disparaître. Bien trempé, il m'a ainsi fallu deux tentatives avant d'apercevoir la ville d'Heidelberg après que cette
brume et ces rideaux pluie remontent les flans de la colline en se déchirant sur la forêt. Malgré l'averse, je m'aventure dans tous les recoins du cloître,
découvre une tombe multicentenaire et reste émerveillé par le vieil arbre au milieu de ce qui fut autrefois la cour du cloître. Je m'émerveille encore
devant les gouttes de pluie en m'amusant avec la fonction de macrophotographie et exerçant de plus belle mon allemand avec la mamie qui passe sous sa
cape de pluie dégoulinante. Enfin, rafraîchi par ce temps-de-chien d'été, je repars en chemin inverse, prenant un autre sentier pour découvrir de nouvelles
ruines, une autre tour d'observation (pleine vue sur le Chateau sur la rive opposée) et encore un puits datant de l'époque romaine à la profondeur vertigineuse...
Une fois revenu à l'institut de physique et une fois le ventre rempli, je pars avec mon compère vers le Chateau d'Heidelberg. Pour ceci, il faudra faire l'ascension de plus de trois
cents marches mais le spectacle en vaut la peine, car le Chateau est impressionant, même si nos compatriotes les Français l'ont quelque peu démantelé par
le passé (d'où son état de ruine partielle). La visite vaut le coup notamment pour la vue sur le fleuve et la ville en général, mais aussi sur les collines parmi lesquelles celle visitée
le matin même. Fort content de ce premier point de vue et ravi de ma découverte d'un tonneau de vin aux proportions gargantuesques à laquelle
s'ajoute la visite du musée de la pharmacie, je laisse Monsieur L. retourner à ses études et, alors que la pluie a cessé, poursuit ma balade par les
jardins du chateau. Leur terrasse va encore plus à l'aplomb de la Neckar et plein de monde s'y balade. Prenant les escaliers et contournant les allées
principales, je retrouve la route pour atteindre mon objectif de l'après-midi : La Königstuhl. D'après la carte, il y a bien 400m de dénivelé
et un chemin semble ralier le chateau et ce sommet en ligne directe. Il n'en faut pas plus pour me motiver, et je découvre bientôt le
"chemin" : ce sont des marches faites de grosses pierres, aménagées dans la terre à même le sol, face à la pente, dans le sous bois. Une vertigineuse
série de marches à la déclivité ahurissante ! Alors certes c'est inquiétant, mais la ligne droite étant le chemin le plus direct, c'est ce que je choisis.
Ce qui suis, ce sont des soufflements épuisés, des glou-glou jusqu'à ce que la bouteille d'eau soit (très/trop rapidement) vide, des soupirs assez desespérés en découvrant
sans cesse de nouvelles séries de marches et une fatigue qui se fait sentir de plus en plus, de la sueur, des jambes qui tirent, et tout et tout. Après
400m de dénivelé de marches (peut-être 1300 marches en gros), j'arrive enfin tout en haut, et je suis heureux. La vue est magnifique, on découvre toute
la ville, toute la plaine sur des kilomètres et des kilomètres, il y a le fleuve, et un horizon lointain perdu dans la brume de la distance. Je m'enfile
un litre d'eau en quelques instants pour me remettre en profitant des toilettes d'un restaurant, et me repose près d'une heure en me posant et me
promenant autour, auprès des immenses antennes relais et des démonstrations de fauconnerie. Après avoir pris tout mon saoul de la vue oxygénante,
remis et requinqué, je redescends et reviens aux jardins du chateau en longeant un ancien hôtel haut de gamme en court de reconversion. C'est en arrivant presque
au fleuve pour recevoir à cet instant un petit coup de fil m'annonçant que - si j'étais toujours en haut...
- il y avait peut-être un observatoire à aller découvrir. Ravi de cette ironie du sort, je finis ma journée en marchant tel un zombie dans l'artère
principale de la vieille ville pour finalement me poser à la terrasse d'un café et me remettre avec un bon petit donut tout sucré.
La soirée se prolonge finalement à une bonne adresse où je me vois servi avec Monsieur L. une escalope viennoise et plein de légumes, une bonne bière et
un excellent verre de non moins excellent riesling local. Le ventre plein, on peut revenir et aller roupiller, repus par une bonne journée, des jambes
exercées et un bon repas...
J3
En cette nouvelle journée, le programme est une seconde balade dans les sous-bois. Cette fois, il s'agit d'explorer le versan opposé de la Königsthul.
Sur la carte, les chemin compte plus d'une dizaine de kilomètres et semble assez long, mais les jambes en redemandent, donc je pars. Le premier arrêt
est une petite tourelle qui émerge des arbres et que je compte rejoindre. Je ne trouverai finalement pas cette tourelle, mais une seconde, sans y obtenir
de vue particulièrement extraordinaire néanmoins. En chemin, je m'équipe d'un baton de marche parfaitement adapté,
de taille idéale avec une déformation parfaitement placée pour le tenir fermement avec le bras à l'horizontale. Je me lance ensuite sur de nouvelles pistes, me
retrouvant à Sprunghöhe, empruntant de courtes portions de route bitumée avant de mieux me réenfoncer dans le sous-bois. Aux embranchements des chemins,
des petits abris de bois permettent aux marcheurs de s'abriter (de la flotte ???). Des blocs de pierre gravés et posés au début du siècle passé indiquent les directions.
Entre ces indications et ma carte, je gambade comme un cabri de pierre en pierre et de chemin en chemin pour finalement m'arrêter, ébahi, et voir une
biche me traverser quasiment au nez, moins de dix mètres devant moi. Malgré mes réflexes habituellement quasiment nippons, l'appareil photo était bien rangé à
cet instant et même si cela n'avait pas été le cas, la surprise eut ruiné tout espoir de saisir l'animal habile. Je marche donc beaucoup ce jour-ci,
passant devant des petits calvaires, découvrant quelques panoramas sur de larges vallées s'éloignant d'Heidelberg, situé à l'opposé des collines que
je grimpe. La carte sous le nez, les différents noms germaniques qui m'interpellaient sont peu à peu ralliés, un à un. Je me dis que la Königstuhl
pourrait être le prochain objectif, d'autant qu'il y a encore pas mal de chemin et de nouveaux sentiers à découvrir. Me
rapprochant, je débouche sur une route à la déclivité quasi nulle me laissant croire que le sommet est proche. C'est en fait de l'observatoire que
je m'approche, mais aucune visite ne semble en être possible. Seul un large parking est associé aux bâtiments, avec un grand panneau annonçant
l'appartenance de l'installation au Max Plank Institute. Et vu que la route est un cul-de-sac, c'est demi-tour pour rejoindre la Königstuhl.
Suivant le flot des voitures, longeant une aire de loisirs, je retrouve la silhouette de la haute antenne de la veille et retrouve la terrasse
dominant la région. Il fait plus beau que la veille et des sommets sont visibles dans le lointain. Affamé, je profite de la pause pour tenter la
combinaison bratwurst-frites en souvenir du bon temps suisse. Ce n'est bien sûr pas le même genre de bratwurst car la spécialité de Saint-Gall
est comme son nom l'indique une spécialité. Néanmoins ça fait du bien.
Le ventre plein, j'amorce ma redescente en m'arrêtant au sommet du funiculaire joignant la ville à ce sommet pour en observer la rutilante mécanique.
Pendant ce temps, les touristes montent avec l'engin mécanique, prennent trois photos et repartent, sans réaliser à ce qu'il en faut pour atteindre ces hauteurs par les sentiers... Mais
cela importe peu et la redescente est lancée. J'explore encore des sentiers différents de ceux de la veille, recroise ceux du matin sans les emprunter,
retrouve des altitudes plus raisonnables. De là, plutôt que de reprendre les 300 marches pour revenir à la vieille ville, je poursuis pour redescendre plus à l'intérieur de la ville.
Je traverse finalement de nouveaux sentiers aux abords regorgeant des mûres et me retrouve en l'espace de quelques instant en plein centre d'Heidelberg,
avec mon baton de marche toujours en main. Les gens me regardent de travers alors que je déambule en ville à la recherche d'un nouveau donut...
Le soir venu, après un petit gueuleton à la résidence et dégustation d'un petit blanc bien de chez nous dans l'Ouest, direction les abords du fleuve pour s'allonger
dans l'herbe, les yeux au ciel et profiter de la nuit des étoiles filantes. Je ne verrai que quatre traces lumineuses, mais bien plus de nuages. Vaincu par
la météo, Monsieur L. et moi nous en retournons sur le campus.
J4
Ce quatrième jour étant aussi le dernier, la seule chose vraiment constructive à dire est que j'aurai pris le train de bon matin en direction de Munich,
où je suis arrivé en début d'après-midi... et que j'aurai été super content de revoir M'sieur L.
Munich
Bavière - premier jour
C'est sous un ciel menaçant que je reviens pour la troisième fois à Munich, 22 ans après la célèbre photo qui illustre la une de ce site et dix ans après
mon dernier passage dans le cadre d'un voyage scolaire...
Armé de mon gros sac à dos, ma première étape est la salle de consigne de la gare de Munich, pour y déposer mon fardeau afin de mieux gambader librement
dans la ville. J'ai rendez-vous le soir avec un (autre) ami ex-strasbourgeois que je désignerai pour sa part sous le nom de Monsieur H. D'ici à la soirée,
j'ai quartier libre pour redécouvrir la capitale bavaroise. C'est donc plein d'entrain que je me dirige en direction de la Marienplatz, qui est à Munich
ce que la Grand'Place est à Bruxelles, ce que la Place Rouge est à Moscou et ce que Tien An Menn est à Pékin : c'est une place, même si question
superficie, tout ne se compare pas. Bref, pour accéder à tout ceci, depuis la gare, c'est presque de la ligne droite : il vous faut remonter les grands
boulevards, longer un cinéma et un magasin de sextoys, se retrouver sur une place en travaux, se rapprocher de l'ancien palais de justice en réfection et
enfin traverser une grande rue pour se trouver sur une place avec de grands jets d'eau, au pied de l'une des portes de la ville (du centre-ville
désormais). Passée l'arche de la tour, c'est la grand'rue commerçante, noire de monde, de touristes, de musiciens, de vendeurs et d'enseignes de
grandes marques. ce sont les centres commerciaux, les magasins de sport, les restaurants et les églises cachées derrières leurs échafaudages. Alors que
quelques gouttes de mauvais augure s'écrasent lamentablement sur le pavé bavarois et que les parapluies se mettent à fleurir comme coquelicots au
printemps, j'arrive sur cette grande place pleine de monde. Le beffroi se dresse sur la place, et après avoir considéré que la place est telle que je
l'ai laissée la dernière fois que je suis passé (mais c'est sympa hein, c'est pas un commentaire blasé), je m'aventure dans les autres rues, passant
devant le musée du jouet, poussant jusqu'à la porte orientale
de la ville, déambulant au Nord et au Sud, longeant sans le savoir (pour cause d'averse méchamment puissante) la Hofbraühaus dont je recauserai, allant
de jardin en bâtiments en rénovation, poussant pendant une acalmie jusqu'à l'Odeonplatz et l'entrée de l'Englisher Garten. Je m'aventure dans les petites
rues, explore les galleries marchandes, me pose devant la Frauenkirche que j'explore ensuite pour découvrir la joyeuse légende du pas du Diable.
Oh, mais je vois que ce nom vous a surpris et vous interpelle. Allons-y voir un peu qu'est-ce qui se passe, comme aurait dit mon vénérable prof d'optique
de Strasbourg. Le pas du Diable est une curiosité touristico-marrante, dans l'entrée de ladite Frauenkirch. Dans le dallage, en plein centre de l'entrée,
une trace de pas érodée par le temps est dessinée dans un carreau de pierre. Le relief est visible et à ne pas s'y tromper, ça ressemble bien à une trace
de pas. L'origine, comme son nom l'indique est à mettre au crédit du Malin. Revenons à l'époque où cet édifice religieux venait d'être achevé, si vous le
voulez bien. Ce bon vieux Belzébuth, toujours partant pour se gausser de la tête de son divin négatif, avait décidé d'aller inspecter les lieux avant que
le bâtiment ne soit consacré. Avec discrétion, le Diable fit un pas en entrant dans l'église en laissant cette trace au sol. A cet instant, la perspective
jouant et un retable cachant les vitraux du choeur en face de lui, il avait l'impression qu'aucune fenêtre ni ouverture ne venait aérer les murs du
bâtiment. Cette première impression l'avait bien fait rire et il se délectait déjà de l'humiliante pauvreté de ce bâtiment quand, ô malheur, il avança
un peu plus, juste assez pour que la perspective change et que les vitraux des murs latéraux apparaissent comme par enchantement à ses yeux. C'est ainsi
que le Seigneur des enfers entra dans une colère noire pas belle du tout et s'en fut dans un grand coup de vent, vert de rage. Et d'ailleurs, chers amis,
c'est pour cette raison là que depuis des courants d'air constamment viennent rafraîchir le hall de l'édifice religieux. Si si si, c'est écrit sur le
papier.
Bref, après cet interlude culturel, la balade continue quelques temps, parfois sous le déluge (tiens, les épaules sont humides... si j'allais m'acheter
quelque chose à me mettre sur le dos ?) parfois sous une bruine plus douce, et l'heure arrive de retourner à la gare pour retrouver Monsieur H, en
compagnie de Monsieur E., un autre ex-strasbourgeois (ils sont partout!) qui vit également dans les parages et que malgré tous mes efforts pour passer
un temps proche des 100% dans la citadelle psienne, je n'avais presque jamais rencontré. Le temps de s'échanger quelques mots et de voir partir ce
Monsieur E., je repars vers la demeure de Monsieur H.. En chemin, nous informons un ami de Monsieur H de nos intentions de nous rendre dans un cabaret
à jazz en soirée. Monsieur H. est musicien et a découvert l'Unterfahrt, une salle de jazz de référence où sont passés au court du siècle dernier tous les
plus grands. Nous y passons donc notre soirée, dégustant et sirotant ce qu'il y a de plus bon tandis que sur scène, un quatuor assure l'ambiance.
La soirée fut fort sympathique et à trois, passant de l'anglais à l'allemand au français selon les personnes impliquées dans les échanges, nous nous
en retournons de nuit chez nous, empruntant métros et tramways de Munich. Après de joyeux blablas personnels inutiles à rapporter ici, une bonne nuit de sommeil
vient récompenser la journée bien pleine.
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Bavière - J2
Remis de ma première soirée et de ma première bière bavaroise, j'enfile à nouveau mon gros sac à dos (c'est devenu mon copain, je le porte tout le temps,
il ne me quitte jamais, bref on est inséparables) et je me retrouve bientôt à nouveau dans le centre, avec la matinée devant moi. L'occasion est trop
belle, je continue mes explorations, prenant même le temps de me poser pour écrire quelques cartes postales. D'ailleurs, je m'excuse auprès de Y., S.,
B., JC., C., M., H., PA., et tous les autres qui n'ont rien reçu. Ben ouais, ce coup là j'ai été fénéant et j'ai réduit mon nombre de cartes quasiment
et uniquement au cercle familial (bon, y'a eu une exception, mais c'était car c'était trooop tentant). Bref, passons, après une bonne balade, je me
retrouve forcément sur la Marienplatz à (re)découvrir le spectacle des petits automates qui s'animent et prennent vie à 11h pendant une éternité sous
le crépitement des flashs japonais, des explications anglaises de guides touristiques et sous le ronronnement des camescopes polyglotes et des doigts
rivés vers le sommet de la tour. Ce spectacle touristiquement pittoresque achevé, je m'achemine vers l'hôtel de ville après quelques détours (enfin,
j'y reviens, vu qu'en fait l'hôtel de ville est sur la Marienplatz) et découvre une petite exposition intéressante sur Munich et l'immigration,
retraçant cet aspect de l'histoire de la ville depuis un demi-siècle. Plus de 220000 personnes dans la capitale bavaroise ont des origines étrangères
si l'on ne regarde pas plus loin qu'une ou deux générations en arrière. L'occasion donc de retracer les grandes lignes de la politique locale sur le sujet,
de découvrir des témoignage et moult autres choses intéressantes. C'est là que je me suis souvenu qu'il y a dix ans j'avais su le nom du maire de Münich,
et que - tant mieux pour moi, je n'aurai pas à apprendre de nouveau nom vu c'est toujours le même. Bref. Cette expo avalée (j'ai pu poser une heure mon
sac, victoire !), je ressors et me pose à la cantine de l'hôtel de ville, un self très correct et à petit prix. Ravi donc de me restaurer dans
la cour de l'hôtel de ville, avec vue directe sur les touristes faisant crépiter à quelques mètres de moi leur appareil photo, je déguste (comme GTA?) et
enfin, rassasié, me dirige vers le S-Bahn.
Dans le RER Munichois, je perds une bonne vingtaine de minutes pour redescendre de la rame après un arrêt en me rendant compte que je n'ai pas composté
mon ticket (dans le métro faut le faire, à l'inverse des trains où cette corvée nous est dispensée). Qu'à cela ne tienne, je retrouve ma ligne et pars
vers Dachau, où habitent mes prochains hôtes, et où je me suis imposé la visite du camp de concentration éponyme. J'arrive donc sur place à 14h30, avec
en tête l'horaire estimé que l'on m'a donné, à savoir trois heures de visite pour le musée. Fort bien, j'ai juste le temps. Je passe donc en premier lieu
à l'accueil, savoir où je peux déposer mon sac et là... hélas ! on me dit que non, y'a pas de consigne, et que je peux le garder sur le dos tout
l'après-midi. Mais c'est une bonne nouvelle ça, mademoiselle ! Vielen Dank, et je m'en retourne avec mon sac pour visiter...
Le camp de Dachau a la particularité d'avoir été le camp ayant été le plus longuement en activité, l'un des premiers à avoir ouvert, et étant resté en
activité jusqu'à la fin du régime nazi. On y a longtemps envoyé les prisonniers politiques et opposants au régime avant que son utlisation soit "étendue"
par la suite. J'ai donc débarqué dans cette enceinte assez glaçante avec ce foutu sac à dos, semblant limite gêner les gens qui semblaient tous très
intéressés par photographier le "Arbeit Macht Frei" sur la porte du camp (sans doute à leur attitude voulaient-ils absolument exhiber ce cliché à tous
leurs proches en rentrant. Désolé, mais ce genre d'attitude me rendait plus mal à l'aise qu'autre chose, j'ai donc laissé l'appareil photo en berne
pendant la quasi totalité de ma visite). A l'intérieur, une immense plaine où ne subsiste que deux barraques (reconstitutées à l'ouverture du mémorial
dans les années 1960) et les fondations de toutes les autres, le bunker dont je vais reparler et un immense bâtiment dont je vais également reparler.
Vers le "fond" du terrain, des édifices religieux ont été édifiés à l'époque de l'ouverture du mémorial également et un peu à l'écart subsiste dans un
glaçant bon état l'ancien et le nouveau crématorium du camp avec salle de "stockage", salle des "douches" (même si elles n'ont visiblement que "peu" servi
dans ce camp en comparaison de nombre d'autres) et les fours, bien évidemment. Le tout accompagné de photos pour qu'il n'y ait aucun doute sur ce qui se
passait ici. Derrière encore, un espace boisé abrite les fosses communes et permet d'accéder au mur d'exécution et au "fossé à sang". Rien de très
réjouissant... Néanmoins, avant de voir cela j'avais passé une bonne heure assez glauque dans le 'bunker', un bâtiment tout en longueur (qui prend
presque toute la largeur du camp de prisonnier à lui seul) et où étaient enfermés les prisonniers les plus coriaces, les prisonniers politiques et
les prisonniers spéciaux. Derrière se tenait le jardin où les exécutions sommaires prenaient place. Le bâtiment a été aménagé il y a quelques années
en une sorte de musée bis où les spécificités du lieu, et les prisonniers qui ont été détenus sont évoqués avec toute l'histoire du camp.
c'est après avoir visité ces éléments, avoir visité également les tristes barraquement reconstitués et l'ensemble ou presque du camp que je
me suis dirigé, vers 16h45, vers le dernier grand bâtiment. Ah tiens ! C'est le musée en fait ? Le musée ce n'était pas le camp ? J'ai passé trois heures
à visiter l'"extérieur" et il reste encore trois heures de visite pour le musée qui ferme dans dix minutes. Ah. Fâcheuse affaire. Je n'ai le temps que de
voir quelques petits bout de l'immense exposition et dois déjà partir. L'emploi du temps est un peu compromis. J'avais déclaré à mes hôtes que je
visiterais le camp le vendredi pour être libre le reste du week-end... Un petit changement s'imposera, car ce musée doit être vu, ne serait-ce par
égard au peu de chose que j'ai eu le temps d'y repérer qui m'ont fortement interpellé... J'y retournerai donc.
Mais pour l'heure, moi et mon sac à dos, je rejoins l'appartement de mes hôtes, que je nommerai sous les noms de Monsieur P. et Mademoiselle L. Sans
trop de difficulté, je repère leur rue et me retrouve vite chez eux, libre de poser mon sac, virer mes chaussures qui doivent empester à un kilomètre, et
libre de me rafraîchir d'un grand verre d'eau, le tout en retrouvant deux personnes que j'apprécie. Que demande le peuple (enfin, moi, en l'occurence) ?
Bref, après retrouvailles et échanges d'histoires allant des derniers ragots strasbourgeois au crash du Concorde en passant par les potins du web et la
haute qualité des romans de Robin Hobb, nous mangeons, nous pipletons, puis nous allons à... la fête municipale de la ville de Dachau ! Aaaaah, quel
bonheur : des gens de tous âges et de tous sexes habillés de costumes traditionnels bavarois, chantonnant à tue-tête des airs à côté desquels "Allez
viens boire un petit coup à la maison" semblerait du répertoire, voir des gens jeunes marcher en titubant avec une immense tâche humide juste en-dessous
de la ceinture, croiser des jeunes (qui semblent s'être parfumés à l'alcool pur) essayer de rentrer dans leur voiture (place conducteur), voir des jeunes
demoiselles au corset protubérant, déambuler entre le grand-huit et des montagnes russes, entre les machines de torture centrifugeuses et les marchands de
brochettes de fruit au chocolat - ah ! craquer et acheter des brochettes de fruits au chocolat ! - et finalement monter sur les montagnes russes, avant
de regarder M. P. et Mlle L. donner de folles sensations à leur ventre dans une attraction du diable, qui tourne, monte descend et virevolte plus vite que
ne peut le filmer mon appareil photo ! C'est de la bonne fête de village, et le costume bavarois y ajoute un plus
absolument... mmh... quel est le mot pour décrire la chose ? Ouais, enfin vous voyez l'idée, quoi...
Bavière - J3
Le samedi, ça rime avec "Marchons en montagne, pardi!". C'est donc pour cette raison qu'avec armes (sandwichs, bouteilles d'eau, chips, jambon, fromage,
appareils photos et vestes) et bagages (les sacs pour porter tout ça) nous sommes partis en direction des Alpes pour une grande randonnée... finalement
raccourcie de par les kilomètres de bouchons qui se sont accumulés sur l'autoroute. Néanmoins, avec un petit portable et des MP3 de chansons des Inconnus,
le voyage passe plus vite. C'est finalement dans les environs de Mittenwald que
nous gambadons gaiement sous un grand beau soleil. Ca grimpe bien et vite, et avoir de l'eau est bienvenu. On se balade dans la forêt, on coupe à travers
le sous-bois et sous l'oeil des sommets de Mittenwald et de la ligne téléphérique, visible et minuscule, là-haut sur l'à-pic rocheux. Ragaillardis à nous
trois par notre jolie excursion, nous reprenons la voiture sur quelques kilomètres pour cette fois faire halte à Mittelwald, la ville. Une petite bourgade
touristique avec plein de magasins de petits objets aussi rétros qu'inutiles, de vendeurs de glaces alléchantes, et de restaurants animés par les
accordéonistes du coin, "vus à la télé"... Néanmoins il fait beau, la ville est sympa, y'a une petite église et c'est plutôt agréable. On se pose donc, on
prend une ou deux boules de glaces, on piplette, et on repart. La fin de l'après-midi s'approche en même temps que le début de soirée et nous arrivons
à un carrefour où sur notre gauche nous apercevons un grand tremplin à ski. Monsieur P. au volant demande s'il doit tourner. Oui ? Non ? Peut-être ? (quoi que
cette phrase aurait plutôt été due à une autre personne dont je tairai le nom). Finalement oui. Nous sommes au pied du tremplin de Garmish-Partenkirchen,
qui accueillit notamment les épreuves des Jeux Olympiques d'hiver de 1936. Par conséquent, la zone d'aterrissage du tremplin est entourée d'un stade en
gradins rappellant méchamment les installations olympiques berlinoises avec des statues et une architecture sentant le national-socialisme propagandaire à
plein nez. 40.000 personnes pouvaient tenir dans les gradins, dit le panneau explicatif. Aujourd'hui, le tremplin de 1936 n'existe plus. A sa place, celui
des années 1970 sur la gauche, et le tout-nouveau-tout-beau, à droite, fraîchement construit pour les championnats du monde de 2011 qui se tiendront à cet
endroit précis. Poussés par la curiosité, emportés par le beau temps et l'air frais, nous traversons le stade et suivons le petit cours d'eau. Bientôt
apparaît la direction d'une "klmann", une gorge en allemand. Vous savez, le genre de lit de rivière très encaissé perdu entre deux murailles de pierre
hautes de quelques dizaines de mètres, où il fait froid et humide, où l'on se promène sur un minuscule sentier à l'aplomb de l'eau, et où parfois on se
casse méchamment la figure en glissant dans les escaliers en bois détrempés (Une pensée pour N. qui fut un dommage collatéral de ce genre de souci en
d'autres lieux et d'autres temps) ? Ben là c'est pareil ! Bon, alors la visite payante c'est en journée, et en soirée c'est gratuit mais
à nos risques et périls. Quel problème à cela ? En vingt minutes nous sommes à l'entrée de la klamm, et autant de temps plus tard, nous sommes au plus
loin de notre progression dans celle-ci, forcément trempés. Pour peu de vous appeler Gaga, vous vous risquez même à mimer une pub Tahiti douche sous les
ruissellements... Bon, OK. Juste le temps de prendre la photo, car il ne faut quand même pas exagérer, le rhume n'est pas forcément super enthousiasmant
comme idée. Bref, ragaillardis par cette excursion inattendue (oui, j'ai utilisé "agaillardis quelques lignes plus haut... ET ALORS ????) nous reprenons
la route et revenons en soirée à Dachau. Juste le temps d'aller pioncer après un bon repas (ce mot revient souvent je trouve : "repas"...).
Bavière - J4
C'est le dimanche matin. Pour ne pas chambouller l'emploi du temps, j'ai prévu d'aller visiter le musée du camp de Dachau en matinée, pendant que mes
hôtes roupillent encore. Vers 8h50, je sors donc doucement, referme la porte (sans poignée) derrière moi et descend dans le hall de l'immeuble. C'est ici
qu'en général un effet comique est bienvenu, après avoir précisé que y'a pas de poignée à la porte de l'appart et que mes hôtes roupillent encore. Je veux ouvrir
la porte de l'immeuble quand... Tiens ? Ca ne s'ouvre pas. Bon, ben ce n'est pas grave. Regardons à gauche. Deux boutons. Un pour la lumière
dans le hall, un autre sans rien dessus. Je suppose qu'en appuyant dessus, la porte va buzzer et que je pourrai l'ouvrir. Manque de chance, ça se contente
d'allumer dehors. Génial. Bon à droite, c'est un bouton avec une petite loupiotte dessus, typiquement le truc pour allumer la lumière pour la cave quand
tout le reste est éteint. Frustré, je réessaie d'ouvrir la porte une fois ou deux, sans succès. Je ne vais quand même pas devoir réveiller mes hôtes ?
Non, mais franchement, ce serait boulet de ma part, d'aller sonner ou frapper à la porte pour récupérer les clés... Mouarf. Dix minutes déjà que je suis
bloqué dans la cage d'escalier, il faut que je me décide. Je remonte, je frappe doucement. Si l'un d'eux est éveillé, peut-être entendra-t-il et viendra.
Ben nan ils dorment ! Et vu que je ne veux pas les réveiller, je ne sonne pas. Néanmoins, je redescends, attends, essaie d'ouvrir, remonte, refrappe pas
fort, sans succès, redescends, remonte... Enfin au premier étage une petite blondinette en robe rouge, six ou sept ans, sort de chez elle. Avec mon
allemand à moi, j'essaie d'expliquer que j'aimerais sortir, que je n'ai pas la clé, que j'étais chez des amis mais qu'ils dorment etc. Ich verstehe
nicht, qu'elle répond la petite fille ! Roh, maaaais euh ! La Schlussel je ne l'ai pas, et je ne peux pas, das Tur zu öffnen ! Ben nan, elle versteht
nichts. Bon, ben je lui mime que je veux ouvrir la porte, et là, innocemment, elle descend et appuie sur le bouton à la loupiotte, qui fait un petit
buzz et laisse la porte s'ouvrir. Hem. Combien de temps je viens de perdre ? MMh... Trente minutes ? Bon, bien... euh... on va essayer de pas
s'éterniser là-dessus, regarder droit devant, et sortir dignement après avoir gentiment remercié la fillette. MAIS BON SANG CE QUE JE SUIS... [vous-savez-quoi].
Sur ces entrefaits, je me retrouve donc de nouveau à Dachau, de bon matin, évitant la foule incessante des touristes. Le musée est passionant,
retraçant depuis la fin de la première guerre mondiale toute la montée du nazisme, l'avènement des camps, le cheminement de la guerre et la
multiplication des camps, l'emprisonnement des opposants au régime, des Juifs et de tous ceux que les nazis ne pouvaient pas voir. L'accent est mis sur
Dachau, bien sûr, mais également sur tous les camps satellites, sur la vie des prisonniers, leurs conditions de (sur)vie, les origines des prisonniers
et tout ce qui permet de donner une meilleure idée de ce qui pendant douze ans s'est déroulé entre ces grilles. Une visite passionante et dure, dans des
lieux non moins significatifs, puisqu'il s'agit des mêmes lieux utilisés il y a soixante-dix ans de cela. Les trois heures sont en effet nécessaires pour
qui veut faire une visite complète et lecture détaillée de tous les panneaux informatifs. Les documents se mêlent au photos et aux
témoignages, ou autres copies de documents d'époque... Une visite qui s'imposait, je pense... Les touristes sont arrivés par hordes au moment où j'achevais ma
visite, peu après midi. De façon assez étrange, le vendredi comme ce dimanche matin, mes visites ont été accompagnées d'un radieux soleil, qui
tachait durement avec l'ambiance et la mémoire des lieux. Pour finir, le retour me mènera à l'église que l'on m'avait signalée, au pied de chez mes hôtes.
Elle a été édifiée à l'initiative d'un père rescapé du camp voisin. L'une des étranges curiosité du lieu réside dans le choeur de l'édifice : une immense
croix est peinte à même le mur. Aucun Christ n'est représenté, mais une étrange couronne d'épine domine la croix, avec des allures simultanées de B52 ou
de fil de fer barbelé...
L'après-midi, je reviens à un monde plus joyeux et décontracté. Nous partons à trois pour Munich. Une balade va nous mener dans le clocher d'une église
face à la Marienplatz, permettant une vue à 360° sur la ville, passant sur l'Olympia Park, sur l'Allianz Arena, sur l'English Garten, les parcs, et les
grands bâtiments. En redescendant, j'essaie de contacter Monsieur H. savoir si on peut se retrouver, mais malheureusement ce n'est pas faisable.
Néanmoins, on finira quand même à la Hofbräuhaus, LA brasserie de Munich, gigantesque et chargée d'Histoire, pour enfiler une bière et un apfelstruddel (oui,
je sais, j'ai craqué). Suite à cette petite pause (et après avoir désamorcé la crise des clés nantaises...) direction l'Englisher Garten où
nous nous posons un temps pour causer avant de rentrer au calme en fin d'après-midi à Dachau pour ma dernière soirée allemande. Suivra alors une
savoureuse partie de "Der Goldene Kompass", adapté de vous-savez-quoi. Une remarquable partie où nous découvrirons et tenterons de comprendre les règles
pendant même que nous jouons... voire après... Une excellente soirée, qui nous a tant et si bien occupé l'esprit que nous en avons oublié le savoureux
gateau qui avait été préparé un peu plus tôt...
Bavière - J5 & au-delà.
C'est de fort bon matin que je me lève, une nouvelle semaine débutant et tout le monde n'étant pas en vacances. Néanmoins, après avoir avalé une part du
gateau oublié (voir épisode de la veille), je ne devais pas me séparer de mes hôtes aussitôt puisque par leur intermédiaire et leur travail privilégié,
j'ai pu découvrir en direct par retransmission depuis l'espace à un lever de Soleil sur l'ISS. Voilà. Là, ce n'était pas du cinéma mais du direct de la
plus brute des façons. J'ai vu depuis le sol, en direct, la Terre depuis l'espace. Et ça c'est franchement le pied !
Il ne me restait plus qu'à remercier mes hôtes, reprendre le TGV vers Strasbourg, à rester bloqué une demie-heure sur le pont de
l'Europe suite à un camion ayant percuté une signalisation un peu plus loin (dix minutes avant d'arriver... pas de chance quand même),
retrouver un ex-binôme, revenir à Nantes, retrouver un autre ex-binôme et une bonne amie, repartir en Normandie, me baigner, retrouver
oncle, tante et cousin, me rebaigner, faire du kayak, glander, me reposer, revenir à Nantes, revenir à Lyon et finir mes vacances.
Le pied, comme je le disais...