Le Petit Bazar de Gaëtan
 

Carnets de Voyage

C'est ici l'antre du voyageur... La section de l'évasion, des souvenirs et des escapades, la section des vacances. Voyages à l'étranger, dans des contrées lointaines ou méconnues, ici s'étallerons mes souvenirs et impressions.

Dernière MAJ : 17 août 2006

::IRLANDE 2006::

8 août  9 août  10 août  11 août  12 août  13 août  14 août  15 août 

Changez d'Eire !


C'est les vacances et vous vous ennuyez. Vous risquez de passer 3 semaines dans une grande maison vide, avec vos potes en stage ou loin de chez vous, avec que la télé et l'ordi, et une folle envie de vous changer les idées. Vous avez la chance d'habiter la plus belle ville de l'Ouest - Nantes - qui dispose de liaisons via la compagnie aérienne Ryanair vers plusieurs destinations à bas prix. Si vous êtes comme moi (et que vous avez de généreux donnateurs !) alors en quelques jours, vous décidez que vous partirez en Irlande, et en partie sur Dublin. Ce sera du 8 au 15 août.
Les hauteurs de Killarney (c'est à la fin du voyage mais c'était joli à mettre au début)

8 AOUT 2006



Voilà comment on se retrouve un mardi matin à se lever aux aurores pour aller prendre l'avion. Voiture + tram + bus et vous voici à l'aéroport. Le temps est agréable, tout se passe bien, les bagages sont enregistrés sans soucis et vous voilà donc à faire la queue.

Ryanair c'est bien car c'est pas cher. Cependant, faut pas demander le service Air France du Concorde, hein. C'est une allée centrale, trois sièges par rangée de part et d'autre de l'allée, pas de distribution de boisson sans payer, et bien sûr pas de télé. Remarquez, comme le trajet est avalé en 1h30, ce n'est pas dramatique non plus. Surtout quand on est fatigué ! Mais néanmoins, pour celui qui ne dort pas, si le temps est clément, la vue est superbe en regardant à l'est par les hublots. Ainsi défilent la Baie du Mont Saint-Michel (le magnifique angle entre la côte nord de la Bretagne et la côte Ouest de la Normandie) sans pour autant que soit repérable le Mont, toute la côte ouest normande, Jersey et Guernesey, les côtes britanniques, l'immense déchirure au sud du Pays de Galles, les côtes de Liverpool et Blackpool, puis ensuite après une soudaine biffurcation à l'Ouest, c'est la descente sur l'Irlande et l'aéroport de Dublin. Mesdames et Messieurs, reculez vos montres d'une heure, il est 9h45 heure locale.

Avalon House, sur Aungier Street. Après d'interminables couloirs (le terminal Ryanair étant bien excentré) on peut enfin tester son anglais pour la première fois pour savoir où prendre son bus. Première question, première victoire, je comprends et suis compris. Le petit sentiment de fierté sera cependant de courte durée. A peine dans le bus, le conducteur a un accent absolument effroyable. Heureusement, dans la phrase je comprends le mot towncenter, qui me permet de confirmer le choix du bus.

Ayant avoir eu la chance de tomber juste devant un couple de Français résidant dans la capitale de l'Eire, je parviens à savoir quel est l'arrêt d'Aungier Street, puisqu'à Dublin, le nom des arrêts est aussi visible que les mentions légales sur les prospectus vous annonçant que vous avez gagné un million d'euros. Mais malgré tout comme un grand, je descends au bon endroit et face à moi, se dresse Avalon House, ma maison pour les nuits à venir. Auberge de jeunesse des plus réputées d'Europe, le centre a ouvert en 1997, après avoir fait office d'usine de bouchons de liège, de banque, ainsi que de bâtiments administratifs. Si les murs ont plus de deux siècles, le séjour y est plutôt agréable : petit déjeuner inclu dans les frais, internet accessible gratuitement, cuisine à la disposition des clients, casiers pour les bagages, draps fournis, douches, billard, baby-foot, etc, etc. Vraiment tout ce qu'il vous faut. Mais bon, tout cela est fort sympa, mais ce n'est pas pour glander devant MTV dans une auberge de jeunesse que l'on vient à Dublin. Surtout devant MTV !

Dublin Spine et O'Connell Street vus depuis le Sud, le 12 aout à l'aube


A peine la chambre entrevue (12 lits : 8 en bas et 4 sur la mezzanine) me voilà parti avec l'attirail du parfait touriste : l'appareil photo en bandoullière, le sac à dos avec les deux guides, le Guide Vert et le guide Michelin (non, même si je suis un ventre sur pattes, il ne s'agit pas du guide culinaire, mais bien d'un guide touristique...). Mes premiers pas, plutôt incertains, me font déboucher sur un carrefour plein de monde. A ma droite s'ouvre Grafton Street, quatrième rue au classement mondiale des loyers et première artère commerçante de Dublin. A ma gauche, la statue de Molly Malone, la muse irlandaise. La foule se bouscule, et je décide de suivre le flot qui remonte vers le Nord et le coeur de la ville. Je bifurque cependant après quelques mètres pour repérer le Trinity College, grande enceinte au coeur de la capitale dont sont sortis d'illustres auteurs (Swift, Wilde, Joyce pour ne citer qu'eux).

Mais avant de revenir pour le visiter l'après-midi même, je m'accorde une virée jusqu'au point de ralliement central, la Dublin Spine ! Située en plein milieu d'O'Connell Street, l'axe central de la ville, il s'agit de la plus haute sculpture du monde. Mesurant 120m, elle a été lancée pour le nouveau millénaire et achevée en 2003. Avec trois mètres de diamètre au sol, elle n'en mesure plus que 15 à son sommet, lequel brille la nuit tel un phare au milieu de la mer urbaine. L'impression dégagée est saisissante. La pointe s'élève très, très haut dans le ciel (surtout en comparaison avec la taille dérisoire des constructions locales) les nuages volent tout là-haut et les foules pressées traverses d'un pas décidé le parvis entre les deux voies de circulation. Hommes d'affaires, mendiants, touristes français et italiens, photographes avides de saisir le monument sous le meilleur angle, citadins trainant aussi la savate au pied de l'épine en l'attente du rendez-vous qu'il ont certainement donné au pied du lieu le mieux repérable de l'agglomération.

Un McDo plus tard (et oui, il faut bien se mettre quelque chose dans le ventre !) et c'est le demi-tour pour aller s'asseoir dans la cour de Trinity College en l'attente de la visite.

The Old Library (Photo issu du site du Trinity College) :http://www.maths.tcd.ie/~string/iftm/trinity2.jpg Trinity a la particularité d'abriter en son sein l'une des plus importantes bibliothèques au monde. Si ces annexes recoivent toutes les publications du Commonwealth depuis quelques décennies (ce qui représente plusieurs millions d'ouvrages à ce jour), ce sont déjà 200.000 ouvrages anciens qui sont ici entreposés. La visite se révèle donc intéressante. On apprend ainsi que les Erudits du College peuvent s'ils le désirent faire paître leurs montons sur les pelouses de l'établissement, et que, s'ils entrent en cheval dans l'enceinte, leur monture sera soignée aux frais de l'institution. Ce qui, évidemment, reste encore très utile. Bref, passées les anecdotes historiques et les vieilles superstitions (passer sous le campanile étant augure d'échec aux examens pour les étudiants) nous passons sous le campanile (...) et finissons la visite par la fameuse bibliothèque. Le lieu est... magique. Tout de bois décoré, avec des alcôves multiples, des rayons à n'en plus finir, deux niveaux, des échelles pour atteindre les ouvrages les plus élevés, des alignements infinis de couvertures ocres, écarlates, sombres et platinées par les siècles, le cuir tâné par les années passées, les titres dorés sur les tranches, les petits présentoirs et étagères basses elles aussi regorgeant d'ouvrages. Et au dessus, la voute qui donne l'impression d'être dans un temple, peut-être en fait le Temple du Savoir. C'est douillet, ça vous réchauffe le coeur et ça donne terriblement envie de passer les cordons et d'aller effleurer les ouvrages qui défient le temps. Mais les yeux n'ont accès qu'aux rayonnages et pas à leur contenu. Et comme pour mieux narguer le visiteur, chaque arche de connaissance, des deux côtés de l'allée, est encadrée par des bustes de grands noms du savoir, de la pensée et de la littérature, de l'Antiquité à nos jours. Aristote cotoie Newton et Swift. Une époque est enfermée ici, à portée de main. Mais je suis un touriste du XXe siècle comme tous les autres qui m'entourent. Ce n'est donc pas aujourd'hui que je pourrais me placer aux tables de lecture des chercheurs, un peu à l'écart au bout de la galerie. La sortie nous appelle et après un dernier regard, c'est terminé...

Dehors, le ciel s'est couvert, et après m'avoir laissé le temps d'une petite balade sur Grafton Street et de pénétrer quelques instants dans le St Stephen Square, je m'en retourne à Avalon, m'avaler un hachis parmentier et un muffin achetés à la superette voisine avant de mieux me coucher. Dehors, il pleut. La journée a été très longue - levé depuis 4h du matin - et une bonne nuit permettra d'attaquer en forme la suite du séjour...


9 AOUT 2006

The Opening of the Sixth Seal (source :  http://www.artmagick.com/images/content/danby/hi/1.jpg Le 9 août a été la journée des musées, avec un petit interlude aux alentours de midi en compagnie d'un élève de l'ENSPS en stage à Dublin (les coïncidences sont parfois surprenantes !) ayant donné rendez-vous... au pied de la Dublin Spine. Bref. Donc Dublin étant la capitale, elle abrite tous les musées nationaux. Natinal Museum, National Gallery, Museum of Natural History... Donc dès le matin, je démarre avec le musée d'histoire naturelle, qui ressemble quelque peu à ses homologues de tous pays : des paquets de squelettes, des bébêtes empaillées, des reproductions de milieux naturels, des collections d'insectes, etc. Le cadre est plutôt sympathique, un vieux bâtiment très propice à ce genre de collections.

Juste à côté se situe la National Gallery, grand musée de peinture de Dublin, largement aggrandi il y a quelques années. Là encore la visite est gratuite est s'avère plutôt sympathique. Il n'y a pas grand monde, et malgré tout un certain nombre de tableaux intéressants ou impressionnants, tel ce "Opening of the sixth seal", de Francis Danby. Les collections vont du Moyen Age à l'époque moderne et présentent essentiellement peintres britanniques et irlandais, même si quelques noms fameux apparaissent (Rambrandt, Wermer, Picasso, Pissaro, Delacroix...). Bien évidemment une gallerie est réservée à Yeats, l'une des gloires nationales du domaine aux toiles assez collorées.

L'après-midi, pour continuer la série, c'était au tour du National Museum de recevoir ma visite. C'est ici qu'intervient ma première belle surprise de mon voyage, avec l'expo sur les bog bodies, à savoir ces corps de l'âge de fer découverts dans des tourbières au travers du pays, et notamment deux cas assez exceptionnels, un buste sans tête ni bas de corps aux mains parfaitement conservées, et un corps presque entier au delà du diaphragme, dont le visage bien que déformé reste encore étonnement expressif.
La main de Oldgroghan Man (source :  http://www.museum.ie/uploads/images/exhibitions/169.jpg Il y a d'une part la surprise de constater l'exceptionnel état de conservation de ces corps qui ont cinq millénaires dans le bide (on distingue encore parfaitement les détails de la peau, les cheveux sont dans un état surprenant...) et ensuite de regarder les documentaires annexes projetees sur des écrans de télévision nous narrant tout le processus scientifique mis en oeuvre depuis la découverte jusqu'à l'exposition actuelle du corps. On apprend ainsi comment des spécialistes de tous horizons ont mené des analyses extrêmement poussées permettant de connaître les causes de la mort (un sacrifice assez violent dont je taierai les détails...) ainsi que son régime alimentaire commun et son dernier repas. Pour cela ont été mené des prélèvements dans son appareil digestif presque intact, une fois le corps soumis à un traitement permettant ce travail minutieux. La saison de sa mort peut alors être connue, et son patrimoine génétique se révèle être étonnament proche des populations actuelles de l'Irlande, et les images dévoilées de cette période d'analyse, même si pas très ragoutantes (voir des intestins morts depuis cinq mille ans ce n'est pas très plaisant), sont absoluement fascinantes. Derrick peut aller se rhabiller, ce que font ces scientifiques, à la croisée des chemins entre archéologie et enquête policière est épatant. Ludique, accessible et captivant, je remets la palme de l'utilité à cette expo.

Le U2 Wall La journée étant loin d'être achevée, je me donne un dernier objectif de visite sur la journée. Je suis en Irlande, et c'est le pays du-peut-être-plus-grand-groupe-du-monde-entier : U2. Et à Dublin, il paraît qu'il y a un "U2 Wall". Qu'est-ce donc que cela, me dis-je ! Rien du plus simple, je vais aller voir ! La carte situe la chose complètement à l'Est de la vie, coincé entre un canal industriel et le lit de la Liffey (rivière qui traverse Dublin). Je prend ma motivation avec moi et commence à longer les quais avec un vent à décorner les boeufs. Je peux alors me rendre compte à quel point Dublin est une ville en expansion, avec de tous côtés des grues et des travaux et partout des immeubles et des bureaux qui poussent comme des champignons. Tous les quais sont en pleine effervescence et préparent l'avenir de Dublin. Après avoir longuement marché (quelques kilomètres dans les pattes tout de même) et m'être renseigné plusieurs fois auprès de passants et d'un sympathique ouvrier de Budapest, la carte étant visiblement fausse, j'arrive enfin à ce qui est le U2 Wall. Alors bon, je me dis que ça fait partie de la culuture du pays et que le détour a été intéressant pour voir et rendre compte de la vénération que portent les fans à la bande à Bono (pardon). Le U2 Wall est juste un mur convert de graffitis à la gloire du groupe, sur des locaux dédiés aux musiciens. Un mur à droite de la rue, le banc qui y est appuyé et une porte juste en face. Content de l'avoir vu, mais j'ai tout de même un peu envie de dire "tout ça pour ça ?".

L'un des pubs du quartier de Temple Bar (j'ai mangé en face) Restait enfin à remplir la soirée. Je n'ai donc point résister à payer ma place pour Pirates of the Carabeans : Dead Man's Chest et découvrir les aventures en VO non sous-titrées du Capitaine Jack Sparrow, au cinéma Savoy, situé en plein sur O'Connell Street. Un séance fort plaisante même si certaines subtilités m'ont clairement échappé... Néanmoins le concept reste toujours aussi sympathique que sur le premier film, avec pourtant quelques excès non nécessaires.
Sitôt sorti, je me suis dirigé vers Temple Bar et sa vie animée pour me sustenter. Après moult réflexion je suis donc entré dans un pub/restaurant pour tester le Irish Coddle (viande, saucisse et légumes cuits à l'étouffée dans de la sauce, délicieux) doublé d'une bonne pinte de bonne Guinness, l'envie de découverte étant trop forte (bonne excuse, n'est-ce pas ?). Après cela, une petit balade dans les rues de nuit a permis à la digestion de se faire calmement et il a été l'heure du retour vers l'hôtel pour préparer le programme du lendemain !






10 AOUT 2006


Ce jeudi matin, mon objectif initial est de visiter la fameuse brasserie Guinness, à l'Ouest de la ville. Partant sur la rive Nord alors que la brasserie est sur la rive Sud (c'était le matin, je ne devais pas être réveillé), je longe donc les rives de la Liffey. Celles-ci ont été aménagées en une petite promenade avec un pont-promenade au dessus de l'eau, avec toute la place pour s'asseoir face à la rivière qui suit les mouvements de la marée, la mer n'étant pas bien loin à l'Est. Je profite une nouvelle fois de ce petit circuit en longeant un à un les multiples ponts de Dublin. Je contourne ainsi le le fameux Ha'Penny Bridge (présent sur de multiples cartes postale et tirant son nom de l'ancienne taxe d'un demi-penny pour sa traversée), la passerelle du millénaire, inaugurée pour l'an 2000, des vieux ponts, de nouveaux ponts et passerelles aux formes novatrices, pour finalement arriver à la distillerie du whiskey Old Jameson. A côté une immense cheminée reconvertie en phare avec vue sur la ville. Mais comme aucun prix n'est indiqué et qu'il faut aller là-bas puis là-bas pour savoir le prix, je sens l'arnaque à plein nez et file directement à la distillerie. J'ai une petite demie-heure à attendre et ensuite la visite est possible. Je ne me gêne pas de prendre un billet. De toute façon, Guinness peut attendre demain puisque je reste finalement un jour de plus sur Dublin, les hôtels de mon étape suivante étant complets et m'ayant obligé à modifier mes plans pour passer des Wiclows à la région de Killarney.

Les alambics de chez Old Jameson Nous voilà donc embarqués dans la visite de l'ancienne distillerie (qui s'est depuis déplacée à proximité de Cork) avec une guide parlant plus vite que son ombre. Après un instant d'acclimatation, je m'accroche bien au wagon et suit à peu près bien ce qui est dit. On traverse une aire de stockage de l'orge et des céréales, on rend hommage au chat qui chassait les souris dans le hangar et observe comment étaient retournées les céréales pour éviter l'élévation de la température et les risques d'incendie. Chaque pièce est illustrée par des schémas, marionnettes ou anciennes machines. On traverse donc les zones de malaxage des grins, de mélange à l'eau et de l'ajout des ingrédient, on traverse l'atelier du tonnelier avec tous ses outils et en apprend un peu sur les surnoms surprenants que se donnaient les tonneliers entre eux. Tout cela est bien intéressant, mais la visite est un peu rapide, et le fait d'avoir un guide nous empêche de nous arrêter là où on aimerait. Néanmois, voir les alambics est toujours un plaisir et les reconstitutions restent assez pédagogiques malgré le passage un peu speedé devant chacune d'entre elles.
Vient alors l'heure de la dégustation. Le public s'asseoit et observe (avec un fond de verre de whiskey Old Jameson) six ou sept volontaires faire des tests avec du whisky écossais, du Johnny Walker et du whiskey irlandais dont du Old Jameson, afin de mettre en lumière la supériorité indéniable du produit local, distillé trois fois contre deux seulement en Ecosse et une seule fois du côté du produit de l'Oncle Sam et de ces vilains américains.
Ma conclusion sur la visite est que, bien qu'intéressante, elle est particulièrement speedé et très touristique, et que notre guide, même si fort sympatique, tentait de créer une ambiance plus proche du parc d'attraction que d'une distillerie. Mais bon, là au moins, l'appareil photo peut être enfin utilisé (ça change des musées nationaux!) et la visite permet de faire le premier pas dans la fabrication des liquides locaux de renoms avant d'en arriver à Guinness (voir demain !).

La Chambre des Lords La visite effectuée, retour vers le centre pour passer en revue tout ce que je dois voir depuis deux jours et que je repousse sans cesse. Premièrement, la Bank of Ireland, qui comme son nom l'indique, est une banque, mais qui a la particularité d'avoir abrité l'ancienne Chambre des Lord, et présentant donc une achitecture assez unique et un accès libre à l'ancienne chambre où se réunissait les Grands de ce pays.Le plafond est magnifique, avec un grand beau lustre en cristal. La salle princiaple de la banque, idem, le plafond blanc laisse passer la lumière par des fenêtres latérales et ses dorures correspondent aussi bien à l'esprit de la banque qu'à celui du pouvoir. Alors qu'une vieille pendule sonne quatre heures et quart, je ressors et me dirige alors vers la Poste Centrale, presque face à la Dublin Spine. Là encore, un grand bâtiment à collonnades assez austère à l'extérieur et très british à l'intérieur, un peu dans le genre de la banque dans Mary Poppins ! C'est de là que sont parties les cartes postales que certains d'entre vous auront reçues.

Mon chemin prend celui des parcs de la ville. Au programme : St Stephen et Merrion, deux deux grands espaces verts du sud de la Liffey. Au nord, il y a le Phoenix Park, l'un des plus grands parcs urbains au monde, mais celui-ci ne fera pas partie de ma visite dublinoise. Je démarre donc avec St Stephen, ses arbres, ses allées, ses bancs, ses canards, et ses badauds qui déambulent pour s'éloigner un instant de la furie des hordes de touristes traversant Grafton et les rues avoisinnantes. Ici tout est calme, tout est vert. Je reste un petit quart d'heure à me reposer sur un banc dédié à James Joyce face à un buste de ce dernier. Joyce, l'auteur de Ulysse, dont l'action se déroule dans cette même ville. Je flâne tranquillement, et continue ma balade vers Merrion Square, à proximité des musées visités la veille. Ce parc est plus intime dira-t-on. Allées plus étroites et arbres plus proches sur la couronne extérieure. A l'intérieur, quelques grandes étendues d'herbe et divers monuments. Powerscount Center

Je me dirige enfin vers Powerscount Centre, un centre commercial assez atypique que je veux voir depuis le début mais que j'oublie de chercher à chaque fois. Powerscount est à l'origine une cour centrale au milieu d'anciennes bâtisses. La cour a été couverte, et les bâtiments tout autour ont été refaits entièrement à l'intérieur pour créer un espace commercial d'assez grand standing et à l'architecture originale. Entre les briques sombres, le bois poli et la structure métallique blanche, le cadre peut surprendre mais n'est pas si détonnant que cela, l'ensemble se marriant plutôt bien. Les escaliers permettant d'accéder aux différents niveaux rappellent ceux des grands paquebots, et une petite visite, même rapide, est tout à fait recommandée au touriste de passage.


Le pauvre Cary ne sait plus où il en est... Pour finir la journée je rentre un temps manger un repas à l'hôtel après ma journée. Voulant souffler un peu, je larve dans les fauteuils du hall et vers neuf heures, ressors en ville, à la recherche d'une activité pour occuper ma soirée. Flânant dans Temple Bar, je tombe finalement avec le plus grand plaisir sur un cinéma de plein air. Arsenic and Old Laces, un film absolument hilarant avec Cary Grant, dont je gardais un bon souvenir. L'entrée étant gratuite, je prends le film en cours tandis qu'un vent assez frais s'abat sur la ville en même temps que la nuit. Grant en fait des tonnes et va de quiproquos en quiproquos, avec des cadavres qui disparaissent, un frère qui ressemble à Boris Karlov, un oncle qui se prend pour le Président et deux grands-mères assassinant leurs clients. Même en VO cela se savoure. La soirée a trouvée son activité, et je suis donc rentré tout content de ma balade. Il faisait alors bien frais et un lit bien chaud m'attendait.


11 AOUT 2006

Guinness for Strenght ! Une des annexes de la brasserie Guinness Le 11 août, ce fut la journée de la Guinness. Après être passé sur le Dublin Castle (qui était sur mon chemin) et y avoir découvert un concours de sculptures sur sable assez édifiant, je me suis rendu de bon heure sur les lieux de la brasserie de la Guinness, qui est l'une des fiertés nationales du pays du trèfle. Je me suis donc promené dans les rues, plein Est pour arriver dans le quartier de l'usine. Et là, c'est le premier choc : c'est IMMENSE ! Il y en a partout. Du Guinness à gauche avec l'entrepot en taule, du Guinness à droite avec la vieille usine en brique, il y en a derrière avec d'immenses citernes, il y a des camions, des entrées d'usine, des porches arborant tous la célèbre marque, en lettres dorées sur fond noir. Je cherche quelques temps l'entrée du public dans tout cela, et finalement, après avoir contourné une église nichée au pied des immenses réservoirs, je suis une route qu'emprunte un car de touristes (c'est bon signe) et continue sur une rue entourée de bâtiments du complexe de brasserie. Au dessus, une passerelle camouflée relie les deux bâtiments et des réseaux de tuyaux traversent également au dessus de nos têtes la voie de circulation. Je n'ose penser à ce qui circule là dedans !

Enfin, l'entrée de la visite est là sur la gauche. C'est un bâtiment à l'intérieur même de l'usine, à la façade assez coquette pour un immeuble industriel. Au-delà, l'accès est contrôlé par des gardiens et ont pénètre dans l'usine en activité. La visite ne montre pas l'activité en temps réel dans les bâtiments utilisés, mais ce n'est pas pour autant qu'elle n'en est pas intéressante. Bien au contraire. J'y suis resté plus de quatre heures...
Le temple ! Le bâtiment du musée Guinness... Guinness a été fondée en 1759 à Dublin, et n'a cessé de grandir depuis. Le bâtiment qui abrite la visite des touristes est une immense et large tour construite au début du siècle sur le style des grattes-ciels américains, avec une structure métallique et des murs de briques. Haut de plus de cinquante mètres, elle avait pour but d'abriter le processus de fermentation de la bière. Modernisée et mécanisée dans les années cinquante, elle a peu à peu perdu de son activité à la fin des années quatre-vingt, suite à un investissement immense (150M€) de Guinness pour un complexe de fermentation ultra-moderne sur un autre site, qui reste encore l'un des plus moderne du domaine à ce jour. La tour vidée s'est donc trouvée une nouvelle activité à la fin du siècle, avec un immense réaménagement sur sept niveaux et encore de fols investissement (70M€ je crois avoir lu) pour créer ce centre dédié aux visiteurs. Ceci explique peut-être le prix élevé de la visite (près de 10€ rien que pour les étudiants) mais très sincèrement, le prix vaut vraiment le coût. Tout commence avec une visite en autonomie démarrant en nous sensibilisant aux divers ingrédients de base de la bière : de l'orge (avec un immense bac rempli de la céréale dans laquelle on peut plonger les main sur au moins vingt centimètres et la faire glisser entre ses doigts; 100.000 tonnes en sont consommées chaque année et 2/3 de la production nationale est achetée par le groupe !) de l'eau (avec une gigantesque chute d'eau intérieure au batiment; 8 millions de litres sont utilisés chaque jour dans l'usine en provenance directe d'une source des monts Wiclow au sud de Dublin), du houblon (avec une petite explication sur la manière de récolter ces plantes immenses) et de la levure bien sûr pour faire fermenter le tout. La légende voudrait que ce soit toujours la même souche qui soit utilisée et reproduite depuis deux siècles et demi... Ayant présenté les acteurs, l'action se met en route. Des films explicatifs et des machines nous présentent le processus de grillage et concassage de l'orge, le public peut même goûter l'orge grillée pour bien se rendre compte des aromes déjà présents. Nous est alors expliqué le mélange avec l'eau du produit obtenu après les différentes étapes appliquées à l'orge, le filtrage et l'ajout du houblon, le chauffage et le malaxage de tout ce petit monde pour faire ressortir les sucres et le glocose, puis enfin les différentes étapes de fermentation, avec les levures qui transforment ces sucres en alcool. Première égustation de Guinness à cet instant. Le produit est prêt il peut être conditionné et envoyé un peu partout.

Bottle Royale. Belle morale ! La première partie s'arrête là. On peut revenir en arrière, lire plein de panneaux de ci de là, réécouter des explications, bref, on va à son rythme. S'ensuit un autre niveau où sont présentés de multiples sujets : l'évolution des techniques de convoiement des produits (cheval, réseau ferroviaire interne, extension au réseau routier, maritime, et international, présentation des bateaux historiques du groupe, etc...), de l'évolution du métier de tonnelier chez Guinness (avec des vues des 200.000 tonneaux continuellement stockés au début du siècle, la fabrication de A à Z d'un tonneaux et la vie animée et difficile de tout ce secteur qui faisait vivre des milliers d'ouvriers au début du siècle), de multiples petites anecdotes plus ou moins utiles sur la bière, les pubs irlandais et la bière (10 millions de verres de Guinness sont bus chaque jour dans le monde !)
Etage suivant, la Guinness et la pub à travers l'époque. Des objets datés, des téléviseurs diffusant à la demande toutes les campagnes depuis cinquante ans. Des verres, des affiches, et par les fenêtres, la vue sur l'usine et Dublin commence à prendre de la hauteur.
L'escalier mécannique qui nous emmène au-dessus traverse l'immense atrium qui, vue de profil, a la forme d'une pinte de bière (visible sur les plans du bâtiment !). On peut alors participer à des activités en autonomie nous informant des dangers de l'alcool avec des vidéos et des quizz énergiques et ludiques.
On continue ! Au dessus encore, l'histoire de l'immeuble (évoquée précédemment par mes soins) et une oeuvre d'art originale (un immense cylindre sur lequel les visiteurs peuvent épingler des petits cartons avec écrit dessus ce dont ils ont ont envie. Ceci n'a aucun rapport avec Guinness, mais lire tout cela est très sympa. Avec en fond sonore de la musique celtique, c'est parfait !
Avant dernier niveau, c'est celui de deux choses : une expo temporaire fort distrayante sur les première pubs de la marque, mettant en scène un certain nombre d'animaux (toucan en tête) et le célèbre slogan "My Goodness, my Guinness !"; et surtout le bar, et le précieux moment où je peux me remplir mon verre de bière et savourer ma pinte gratuitement. Deux encadrants nous expliquent le subtil art du remplissage de pinte, et l'acte accompli, on a le droit à un superbe diplôme (The Perfect Pint) à notre nom et on peut avaler le verre. Pour ma part je suis vite redescendu manger quelque chose avant de finir la visite, une pinte à jeûn étant quelque chose d'un peu trop brutal pour moi. On ne résiste pas tous de la même façon à l'alcool, hein ?
Bref l'incident étant clos, il est enfin permis de monter au septième et dernier niveau, le restaurant panoramique ! Ou plutôt le bar panoramique, puisqu'on n'y sert que de la bière... La vue sur Dublin et l'usine est excellente, mais vu le monde là-dedans, inutile de compter prendre des photos réussies. Surtout lorsqu'il est 15h, et que c'est l'heure de pointe (mais, étant arrivé à 11h, ma visite s'est sinon bien déroulée)

Maquette de l'usine. Le bâtiment visiteurs est au fond (grand cube de briques rouges avec de hautes fenêtres) Un touriste parfaitement sobre La visite se finit donc, et le visiteur que je suis, tout content, peut quitter les lieux, un beau diplôme et un gadget gratuit (un bloc de verre enfermant quelques millilitres de Guinness) dans la poche.

Cette visite est passionnante. On y passe le temps qu'on veut, et faire l'intégralité de toutes les explications et multiples recoins peut prendre sans difficulté une demie-journée. La visite est incontournable. Il y a là de gros moyens, mais l'impact est indéniable. A voir absolument, même pour les petits buveurs tels que moi !

Pour finir la journée, j'ai choisi un dernier repas dans un pub à proximité de l'hôtel. Le plat principal à base de bouf est excellent mais le bananoffi (5€ pour 75% de chantilly, 20% de pâte et 5% de confiserie apparement (?) à la banane me reste en travers de la gorge... Par contre, la seconde pinte de Guinness est mieux passée. Logique, y'avait à manger avec !

12 AOUT 2006

Environs de Killarney (détail de carte Michelin N°712) Il a fallu se lever tôt. Le bus était à 8h30 à la gare routière et il fallait acheter le billet. Du coup, à 7h00, j'étais sur le pied de guerre. Great George Street, Dame Street, O'Connell Street, les bords de la Liffey, tout cela est expédié de bon matin, avec mon gros et mon petit sac à dos, dans un centre encore quasiment désert et sous un soleil radieux ! L'objectif est donc d'aller à Fossa, un village proche de Killarney, dans le comté de Kerry, au Sud-Ouest du pays. Le trajet est donc Dublin-Limerick (4h00) et Limerick-Killarney (2h00), et un quart d'heure de plus pour rejoindre l'hôtel avec un troisième bus. Le temps se dégrade peu à peu sur la route, tandis que je teste les joies d'avoir affaires à des petits papys à l'accent absolument effroyable qui tentent de me poser des questions dont je devine le sens plus que je ne le comprends. Les conversations ne duraient pas (soit car ils descendaient à l'arrêt suivant, soit car je répondais à côté de la plaque ?) et du coup, je me concentrais sur le paysage ou sur mes songes (le bus, ça endort).
C'est donc vers 15h que je prends possession de ma chambre (encore 12 lits, mais loin d'être tous remplis) dans un petit hôtel-auberge-de-jeunesse collé à un camping. Celle-ci est donc à 5 kilomètres environ à l'Ouest de Killarney, et au Nord du Lac. Entre ce dernier et l'auberge passent la route nationale et les terrains de golfs.


prairie irlandaise... Le temps de trouver une carte gratuite du coin, et c'est parti pour la première balade. Il est quatre heures, et elle va durer quatre heures. La balade démarre dans les bois, coincés entre la route et les terrains de golfs. J'ai en effet pris la décision de partir vers l'Est, pour rejoindre les bords du lac à proximité de la ville. Je me promène donc au milieu des bois, sur des terrains pas toujours très secs, et observe au loin les joueurs maniant le club et le tie sur de l'herbe verte et parfaitement coupée. Le sentier suit donc le parcours de golf sur près d'un ou deux kilomètres, puis un chemin agricole permet de rejoindre le haut d'une colline, où à travers les arbres s'étend le lac. Il fait beau en cette fin de journéeet le spectacle est plutôt plaisant. Sous mes yeux sur l'herbe, des sentiers pédestres sont aménagés et des gens se reposent tranquillement. Je coupe à travers la pelouse et continue donc sur le sentier, repasse dans un sous-bois toujours en descendant (ce qui est bon signe : je finirai par arriver aux rives du lac à force descendre !)et me voilà soudain à la périphérie de Killarney, avec une grande église. Déjà, à voir la carte, je me rend compte avoir parcouru plus de chemin que prévu (même si à ce moment, je me croyais même trois kilomètres plus au sud encore ! ). J'ai donc le choix entre plusieurs chemins, et les indications me proposent le Ross Castle. Y'a des étoiles dans le Guide Vert, c'est à quelques kilomètres, et c'est sur le chemin qui fait une grande boucle et peut me ramener à l'hôtel. De toute façon, j'ai déjà marché presque deux heures avec tous les petits détours que je me suis permis jusque là. C'est donc une bonne option puisqu'elle me ramène à l'hôtel. Après six heures de bus, malgré tout, une bonne nuit sera bienvenue.

Mais la marche est plaisante. Je prends donc le sentier qui sinue le long d'un petit ruisseau plutôt que celui à découvert où il y a plus de monde, j'en rejoint un second sous le couvert des arbres qui semble conduire au fameux château. Je poursuis sur près de deux kilomètres encore et arrive donc à un joli panorama. Le sentier rejoint le chateau en passant un petit pont juste par dessus l'embouchure du ruisseau sur le lac. A droite, le lac s'étend calme et serein, à gauche le petit ruisseau abrite une douzaine de bateau multicolores arrimés à la rive et devant s'élève le chateau de pierre. Soudain, je pense au paysage d'Ecosse du film Highlander. C'est un peu de cela que ce paysage. Vieilles pierres, montagnes au lointain et lac imperturbable... Le Ross Castle Vue sur la partie sud du Lac

























le green, le lac et les montagnes... Le chateau ne se visite plus à cette heure-ci, mais gambader autour ne se refuse pas (il suffit d'éviter le troupeau de gamines françaises en camp de scouts qui s'ébattent à grands cris sur la pelouse voisine...) et ça me permet même avec d'autres touristes d'aider quelques autochtones à sortir une large barge de l'eau et la mener jusqu'au hangar tout proche. Avec une douzaine de paire de bras, on a donc formé pendant cinq minutes une équipe internationale de porteurs de bateau. L'opération a été un succès, on a été remercié, et j'ai repris mon chemin, le long d'un petit sentier à l'abri des feuilles des arbres, le long de la rive du lac. Je déambule donc d'un petit pas tranquille et rejoint ensuite une voie en terre qui mène à l'entrée des golfs. La route traversant les terrains étant le chemin le plus direct, je suis donc la voie (macadamisée) au travers du green.
Là encore la vue est superbe, mais mes jambes fatiguent. A gauche le paysage est splendide, à droite, j'ai des étendues de parcours de golf et une barrière d'arbre au fond. J'avance, j'avance. Je dois biffurquer à droite pour revenir sur la route nationale et rentrer à l'hôtel. Evidemment, je perds dix minutes en ratant la route (pourtant quand il n'y a qu'une intersection, c'est pas dur à la repérer, mais bon, on dira que je fatiguais, hein !) et je reviens finalement à bon port pour 20h, avec un repas à emporter pris au snack du camping-hôtel : d'excellentes frites et hamburger pas chers, en tout cas que du bon après un tel effort (...). J'ai hésité à aller au resto ce soir là, ce fut une erreur regrettable, je m'en rendais compte en y mangeant le lendemain soir et en voyant les belles assiettes proposées ! Il était donc neuf heures passées quand je finissais de manger. Dans un hôtel aux 3/4 vide au milieu de nulle part, ma seule solution était de lire un peu et de vite s'endormir, après une bonne journée où j'avais passé six heures assis dans un bus et pris une bonne quinzaine de kilomètres dans les jambes. Inutile de dire que la nuit fut bonne.

13 AOUT 2006


Cette journée est ma dernière sans contrainte et je le sais. Demain je reprendrai le bus en sens inverse donc je dois en profiter au maximum aujourd'hui. Levé de bonne heure, je m'en vais faire mon petit déjeuner avec le lait et les biscuits achetés à la superette du camping. Mon objectif est de faire un sentier en boucle surplombant le nord-ouest du lac. Ca fait une bonne vingtaine de kilomètre, et je me dis que lorsque j'aurai avalé ça, ce sera grand temps de voir l'étape suivante. De toute façon, le tour du lac est tout de même assez arogant comme objectif. Ca doit tourner aux alentours de 60 kilomètres... Donc sur deux jours ç'aurait été faisable, mais là, c'est peut-être trop demander.
Le temps est menaçant mais personne ne connais le temps prévu pour ce jour. Je suis jeune et ambitieux, j'aime prendre des risques, donc je pars de bon chemin pour prendre d'entrée le mauvais chemin. Je prends à gauche une intersection trop tôt, ce qui m'emmène bien au bord du lac, mais sur un cul-de-sac. Ce n'est pas grave, je n'ai perdu que vingt minutes. S'ensuit donc une bonne heure de marche entre des champs plein de moutons le long d'une départementale sans trottoir où j'avais l'impression de risquer ma vie à chaque virage (peut-être pas non plus... sinon ma Môman va stresser en lisant ça !) j'arrive à une intersection !
Sentier recherché à 750m à gauche.
Gap of Dunloe à 3km à droite.
Il est 10h15 et le Gap me tente soudain profondément. Tous les itinéraires le recommandent, c'est sensé être un des coins les plus prisés d'Irlande. Trois kilomètres, ce n'est rien et il est encore tôt. Changement d'objectif, direction le Gap.

Vue sur le Nord depuis l'entrée nord du Gap of Dunloe J'arrive à l'entrée du Gap à 11h. Là, une vingtaine de carrioles attendent que les touristes soient prêts à débourser 50€ pour faire le tour du Gap et ses quatre lacs sans marcher et sur une carriole. N'importe quoi. Je le ferrai à pied, je prendrai mon temps, je ne paierai pas et ce sera très bien malgré tout. Commence alors l'ascension sur une petite route macadamisée pleine de crotin de cheval. Ca monte, ça monte mais pas trop quand même. Ce n'est pas le col de la Madelaine, mais pour autant les quelques touristes à vélo en bavent. Je suis en T-shirt, l'air est frais, il fait bon, tout va bien. Arrivé en haut de la côte, un premier petit lac s'étire devant, coincé entre les montagnes de chaque côté, à l'Est et à l'Ouest. Au Nord, la vue est superbe.



Le Gap au niveau du premier Lac Le Gap of Dunloe s'étend sur une douzaine de kilomètres, avec environ sept à huit entre l'entrée sud et The Head of Dunloe, le point culminant à partir duquel la route redescend de façon très tortueuse dans la vallée au sud. C'est sur la section nord que se trouvent les quatre lacs. La route suit alors la vallée, passant d'une rive à l'autre du des ruisseaux liant les quatres lacs. avec un ciel plein de nuages grisonnants, des rafales de vent et les contrastes sombres des massifs rocheux couverts d'arbres aux feuillages ténébreux, et le ciel gris se reflètant dans les eaux des lacs irisés par le vent, l'impression est assez austère. Mais c'est un grand espace naturel, et il n'y a pas tant de monde que ça. Il y a certes quelques voitures et carioles qui passent, mais rien de bien gênant. La route est aux marcheurs.

L'ascension cependant continue par palliers, de façon assez irrégulière. Le second lac est plus large et proche du troisième. Quelques rares habitations à gauche de la route jalonnent le parcours assez sauvage et oxygénant. On atteint alors des ruines d'anciens bâtiments de la garde nationale, dont ne subsistent que les murs gravés par des touristes de passages désireux de laisser leur marque. D'autres vestiges d'habitations sont également envahis par la végétation à proximité. La route s'élève en lacets pour remonter vers le plateau supérieur où s'étend le dernier lac. Pour cela un pont de pierre enjambe l'escarpement et offre vers le nord une nouvelle vue sur les lacs que la route longe auparavant.

Je suis arrivé au dernier lac. Au fond, j'aperçois un pont précédent de peu le point culminant. Le ciel se déagage par instants, donnant à la végétation une vigueur très prononcé dans le vert. Le parcours donc les dernières décamètres jusqu'au pont, et poursuite sur quelques lacets vers une seconde arche au delà de laquelle la route bifurque et redescend un peu. Au fond, un autre petit col cache le paysage de la redescente sur la vallée sud.
Le lac le plus élevé du Gap et au fond, l'un des derniers ponts Head of Dunloe est à portée de jambes, plus qu'un petit, effort !






















Mais il faut faire des choix. Chaque enjambée faite doit être refaite au retour, puisque - je regarde la carte plein d'espoir malgré tout - le chemin me faisant revenir à mon port d'attache sans reprendre lce chemin est démesurément long. Je continue donc quelques pas, afin de pouvoir dire que j'ai été plus loin que Head of Dunloe, puis c'est le retour en sens inverse. Je me pause au bord du lac le plus élevé question d'avaler quelques biscuits et de l'eau puis retourne vers le bas du Gap. Le vent souffle désormais, mais comme la route redescend continuellement, c'est beaucoup plus simple. Et le ciel semble clément et pas la moindre goutte de pluie. Tout va au mieux dans le meilleur des monde.

Revenu à l'intersection où j'avais fait mon choix de venir au Gap, ma montre indique que je suis passé là il y a trois heures environ. Je peux donc au niveau horaire faire la balade initialement prévue. Je suis donc la route et ses 750m annoncés. Je fais un détour question d'aller à nouveau grignoter au bord du lac, mais cette fois le lac de la veille, plus aucun rapport avec le Gap. Je me lance donc vers deux heures de l'après-midi dans mon nouveau parcours. Mais très vite, très, très vite, je suis obligé de voir la réalité en face. J'ai devant mois une quinzaine de kilomètres au minimum si je m'engage vraiment, plus le retour ensuite à l'hôtel. J'ai ma matinée de marche dans les jambes, et soudain, mon objectif devient incompatible avec mes petites jambes. Je suis triste de le dire, mais je fais volte-face et reprend le chemin de l'hôtel, avec comme idée derrière la tête un nouvel objectif bien plus raisonnable. Me donner une petite sieste en arrivant et repartir vers un point de vue à quelques kilomètres de l'hôtel où je pourrais aller après m'être reposé un peu. C'est ce que je fais, rentrant en milieu d'apèrs-midi et trouvant ma chambre déserte et donc parfaitement adaptée à un somme.

Vue depuis les hauteurs d'Aghadoe

Et aux alentours de l'heure habituelle du goûter, sûr de moi, toujours béni du ciel couvert et non pluvieux, je repars à l'assaut de la colline en haut de laquelle se situe le point de vue d'Aghadoe (et aussi un superbe hôtel cinq étoiles avec la vue sur le lac...) Trois ou quate kilomètres plus tard, je profite enfin d'une de mes dernières récompenses du séjour, un vue immense sur le lac et ses petites îles, les montagnes et les villages environnants.
Après sept heures et demie de marche pour près de quarante kilomètres sur la journée, il ne me reste donc plus qu'à tester le restaurant et le Irish Stew. La serveuse arrive donc avec une pomme de terre cuite dans de l'alu, des frites et une immense assiette/bol de ragoût, un truc super bon et pas cher, suivi d'une non moins appétissante et délicieuse tarte aux pommes. Ravi de ma journée à tout point de vue. Et crevé aussi, tiens, bizarrement...

14 AOUT 2006

Après m'être levé tard et reposé, avoir rangé mes affaires, fait mes bagages, m'être assuré de ne rien oublier, et lu jusqu'à temps que le bus pour Killarney passe à ma porte, me revoilà parti de nouveau vers Dublin. Je repars demain aux aurores donc je dois être ce soir à l'aéroport. Et dormir si je le peux (on peut toujours rêver, non ?). Attendant la liaison à Killarney, j'ai l'occasion de me balader un peu dans le petit centre-ville, de me trouver ze T-Shirt de la mort qui tue pour la moitié du prix vu à Dublin et de "crébillonner" dans les magasins d'usine face à la gare routière. Ensuite Killarney-Limerick et Limerick-Dublin reprend les mêmes ingrédients que l'aller, avec les papys irlandais et leur accent gaellico-incompréhensible. Me revoilà à Dublin à 20h15, directement sur O'Connell, à fuiner dans les boutiques de souvenirs pour enfin trouver des cadeaux pour certaines personnes pour qui je n'avais toujours rien trouvé (Argh !). Ha'penny bridge by night O'Connell Street by night























Après une attente assez longue du bus (je prends de mauvaises habitudes, là...) je débarque à 22h30 à Dublin International. Evidemment, plein de monde, plein d'activités, les bruits de portables, la télé et toutes les dix minutes les annonces de sécurité nous disant que tout bagage doit être surveillé, que sinon ils sont isolés et détruits, qu'il faut faire attention, gnagnagna et je ne peux pas dormir. C'est ainsi que l'on avale trois cents pages du second tome de la Farseer Trilogy de Robin Hobb (déjà lu en français et trouvé en occasion pour une bouchée de pain au profit d'une association caritative. Peu importe que ce ne soit pas le premier tome, en fait) alors que les heures passent.

15 AOUT 2006

Cette fois, c'est fini. Après avoir enregistré les bagages, avoir pris une heure de retard à cause d'un passager qui avait fait je-ne-sais-trop-quoi-mais-peut-être-vomi (je me suis endormi à peine assis dans l'avion !) nous voilà parti pour un voyage dont je ne me souviens presque pas, assoupi contre le dossier de mon siège. L'arrivée à Nantes un 15 août a été joyeuse, avec aucune navette à l'aéroport vers le centre ville, la prise du bus 37 pour aller attendre 20 minutes le tram qui amenait à Commerce où il fallait rechanger, les contrôleurs à la gare qui me font descendre si je ne veut pas me payer d'amande (bah oui, à force d'attendre les correspondances, le ticket n'est plus valable...), l'attente du bus qui me ramène à la maison, et finalement, l'arrivée à la maison, enfin. J'ai retrouvé mon lit, mais ça c'est une autre histoire et un voyage tout aussi passionant dont on ne rapporte pas de photo...