Le Petit Bazar de Gaëtan
 

Carnets de Voyage

C'est ici l'antre du voyageur... La section de l'évasion, des souvenirs et des escapades, la section des vacances. Voyages à l'étranger, dans des contrées lointaines ou méconnues, ici s'étallerons mes souvenirs et impressions.

Dernière MAJ : 20 juin 2012

Quinzaine manillaise


Une petite pause sous les tropiques, en Asie du Sud-Est pour visiter la famille et un archipel inconnu ! Sous la chaleur et De pluie, de neige, de nuages, de soleil, et de photos, etc etc...
En cours de rédaction, la suite arrive bientôt !

Première balade, Intra Muros

La première excursion dans Manille s'est déroulée au sein d'Intra Muros, l'ancien bastion historique qu'occupaient les espagnols il y a un bon siècle de cela.
De cette époque lointaine, il reste des murailles, et à l'intérieure une petite ville de maisons basses, couverte par des hordes de pousse-pousses ou assimilés. on y trouve aussi les magnifiques locaux (!) du ministère du travail, et depuis les remparts et les canons aux supports en béton décrépi, on a une superbe vue, par-dessus le golf, sur les buildings modernes de l'un des différents centres névralgiques de Manille. Si on continue la visite, on en vient forcément, sur le retour, à faire un arrêt au parc Rizal, nom d'un des héros de l'indépendance manillaise. Enfin, de l'indépendance vis à vis du colon espagnol. Rizal était un opposant qui s'est rebellé contre l'Espagnol qui occupait le pays, et qui a été fusillé pour cela. Une exécution qui a mis le feu aux poudres et à conduit à la fuite des espagnols hors de l'archipel en 1911 (si ma mémoire est exact). Le parc Rizal, grande esplanade avec de l'herbe, un peu d'ombre parfois et des jets d'eaux, réserve également une section avec un mémorial là où Rizal est tombé. S'y dressent désormais des statuts de 3 ou 4m de haut reconstituant l'exécution, et où, un siècle plus tard, le drapeau espagnol de l'Ennemi est toujours en berne, juste en dessous du drapeau philippin. La diplomatie, parfois, me laisse pantois !

Taal Volcano, grimpette sur le volcan

La première excursion hors de Manille a pris pour cible le lac du Volcan Taal, au sud-est de la capitale. Un grand lac au milieu duquel se dresse un cône volcanique à l'intérieur duquel se dresse un lac. Il s'agit du du volcan Taal, au milieu du lac du même nom. Sa dernière éruption remonte à la fin des années 70s et régulièrement des petites fumerolles ou autres activités tectoniques en barrent l'accès aux touristes tels que moi !
Alors déjà, pour grimper le mont Taam, il faut aller à Taal. Et faire l'expérience terrifiante/inquiétante/édifiante/curieuse des moyens de transport manillais, même en étant dans votre belle Toyota ceinturé. Il s'agit donc déjà de sortir de la ville, ce qui, étonnament, en ce week-end de Paques, est plutôt facile (et exceptionnel, donc). On passe par la grosse autoroute avec les immebses pubs en bord de chemin, on traverse la campagne, on croise des bidonvilles pour faire bonne mesure, pis on se rapproche du lac. Un lac, en général, c'est dans une cuvette, et donc, une fois encore c'est le cas. De tout en haut, c'est très joli. On a un beau lagon, un ciel bleu et déjà beau et chaud même s'il doit être à peine 9 ou 10h du matin (le soleil se lève tôt et se couche tôt, l'archipel des Philippines n'est pas réglé de la même façon que l'Europe sur la course du Soleil).
Bref, donc je disais qu'il faut beau et chaud, mais pas trop quand même car y'a quelques petits nuages. Du haut des reliefs dominant le lac, donc, c'est joli. Je l'ai également déjà dit. Mais ce que je n'ai pas dit c'est qu'à partir de ce point, de ce promontoire, puis tout du long de la route jusqu'au lac, mais alors vraiment tout le temps, genre tous les cinquante mètres (sans exagérer!) il y a des gens qui agitent frénétiquement en direction de votre voiture un petit panneau BOAT RIDE. Lisez "traversée en bateau". Ainsi donc, au milieu des harangueurs, vous descendez au bord du lac pour chercher à garer la voiture. Et partout y'a des petits cartons BOAT RIDE qui s'excitent. Oui, car pour aller au volcan il faut traverser le lac et donc prendre le bateau. Et vu qu'aucune compagnie ne s'est risquée financièrement à faire ce genre de navette, ce sont les habitants du coin qui ont tous leur bateau pour faire traverser les touristes.
Par principe, on refuse et ignore tout ce petit monde pourtant fort motivé jusqu'à trouver où garer la voiture. Après des demis-tours et des marches arrières, on se gare donc dans une ruelle, où immédiatement, un habitant propose de nous aider, et nous suggère non moins rapidement de voir avec Darwin, son oncle ou quelqu'un de sa famille, pour arranger la traversée du lac. Quelques négociations plus tard avec ce sympathique Darwin, après que mon frère rompu à ce genre d'échanges ait rappelé qu'il était déjà venu et connaissait donc les tarifs, on valide donc notre traversée. Moi-même, mon frère et son neveu venu sur place étudier sommes donc guidés dans le champ de tourbe qui jouxte les habitations et le lac pour attendre Darwin et son bateau.
Bonne surprise, le bateau n'est pas une planche de bois mais une sorte de pirogue avec deux flotteurs qui accroissent son envergure. Un moteur derrière tout cela, une chaise pour grimper dessus, les gilets de sauvetage enfilés, un petit coucou à tous les gamins qui sont venus nous voir sur la rive, et nous voilà partis pour Taal Volcano, au milieu du lac. L'occasion d'apprécier le paradisiaque paysage et profiter de la fraicheur de l'eau et du lac sous le ciel voilé. Nous ne sommes évidemment pas les seuls, il y a un peu partout de petites embarcations qui acheminent les touristes. Et partout, sur les rives, la végétation tropicale, très verte et gorgée de chaleur et d'humidité...

Finalement, nous voilà sur l'île volcanique, composée de deux dômes, le Taal avec son lac, et un second dôme, plus petit, plus visible, mais sans lac. Darwin nous mène directement à l'office du tourisme où il faut s'enregistrer et forcément prendre un guide pour suivre le chemin tracé que personne ne peut rater. Néanmoins, donc on s'aquite de la taxe de passage, égale à celle annoncée par Darwin avant la traversée, puis nous trouvons un guide, une demoiselle de la famille dudit Darwin. Nous avons pour grimper là-haut nos grosses chaussures, elle est évidemment en sandalettes. Tous les maîtres de mulets nous proposent évidemment de monter au sommet à dos de mulet (et avec eux ainsi que la guide bien sûr) mais non, nous avons très envie de marcher et de faire un petit effort pour profiter du spectacle.
Nous voilà donc en train de grimper le long du chemin sablonneux et poussiéreux, où tous les dix mètres les mulets chargés de touristes soulèvent des nuages de terre ocre pour la plus grande joie de tous. Nous passons dans les petites gorges de terre où en cas d'averse ou de moussons un vrai torrent doit dévaler, et nous attaquons donc la petite montagne qu'est le volcan. Derrière nous, à mesure que l'on monte, le spectacle du lac extérieur est impressionant, avec les bâteaux, les petites îles et la côte derrière, avec ses villages et sa barre d'immeuble construite dans la montagne. La guide s'arrête, attend patiemment, repart, nous montre des fumerolles qui s'échappent en contrebas du chemin. Des petites sources de souffre un peu partout pour nous rappeler qu'on est sur un volcan.
A quelques mètres de l'arrivée on nous propose plein d'eau, des bouteille, puis juste avant le sommet, c'est cette fois de la noix de coco et tout autre produit pour se remettre d'aplomb. Mais le spectacle est plus sympa : nous sommes sur la corniche du cratère, l'a-pic est conséquent, et en contrebas il y a une petite plage et un lac d'eau chaude et/ou acide avec une petite île sur le côté. On peut même y descendre si on est casse-cou semble-t-il. De la corniche, on voit donc le lac du cratère, le pourtour du cratère, et le lac, de l'autre côté de l'opposé du cratère. Très joli, et une bonne récompense pour avoir choisi les jambes plutôt que le mulet. On peut alors se promener le long de la corniche, bien sécurisée, tandis que des touristes avides de sensations mornes s'éclatent à faire des tirs de balles de golf dans le lac du cratère...
Quand on a fini, et qu'on s'est bien rassasié du spectacle, la guide nous redescend comme on est monté, par le même chemin. On est revenu sur le bord du lac à environ 13h, après avoir évité la chaleur et profité du spectacle. Et après avoir grillé un écran de camescope, mais c'est une autre histoire...

Le marché !

Le marché, c'est rigolo. Imaginez un sous-terrain de centre commercial, avec des poteaux en béton, des murs en béton, et un plafond en béton. Maintenant virez les voitures, ajoutez des étales et une myriade de rangées de loupiotes basse consommation au-dessus des étals. Maintenant rajoutez des alcôves sur les côtés et remplissez les étals et les alcôves de montagnes de fruits et légumes, de riz, ajoutez des crochets de boucher en hauteur pour y pendre des filets de viande ou des pièces plus conséquentes, étalez du poisson sur ces étals-là en prenant soin d'ajouter des alimentations en haut à ces vendeurs, mettez deux ou trois vendeurs à chaque étal, ajoutez des consommateurs aux habits de toutes les couleurs qui négocient chaque marchandise, multipliez le bruit par deux et imaginez que l'un des côtés de ce lieu donne sur une rue. Vous aurez alors une petite idée du marché. C'est vivant, plein de couleur et d'animation, plein de mouvement, ça ne pue même pas quand on y va pas trop tard, et la viande malgré la chaleur ne paraît même pas tourner de l'oeil. Tout un paradoxe qui vous ferait dire qu'après moins de trois jours sur place, vous n'êtes déjà plus choqué par rien du tout. Bref, le marché, on y trouve tout plein de choses, ça donne fin, et on en revient les mains pleines de sac. Et ça vaut définitivement le détour !

Pâques !

Les Philippines sont un pays croyant et pratiquant. Alors forcément en débarquant à Pâques, on s'attend à voir de drôles de choses. Alors désolé, je n'ai pas eu le droit aux crucifixions ni aux auto-flagellations dont on m'avait pourtant parlé en des termes très pittoresques. Non. Au lieu de cela, j'ai pu voir des processions le long d'une autoroute, des centaines de gens qui se baignaient, eux et leurs enfants, parents, petits enfants et nourissons dans les eaux du port de Manille. J'ai aussi expérimenté pour vous les grandes messes en forme de show dans le palais des congrés en accès libre et littéralement ouvert aux quatres vents (salle couverte mais aux murs en partie ouverts), où le pasteur alterne ses serments avec de grandes débauches de ferveur de la part d'une chorale, de danseurs et de communiants arrivant avec leurs drapeaux et banderolles. La salle est en délire, applaudit et s'enthousiasme. J'avoue que je préfère les chansons entraînantes aux sermons.

Corregidor ou la bataille du guerre du Pacifique

Corregidor est une petite île -enfin, l'île principale d'un petit archipel- à l'entrée (à l'ouest) de la baie de Manille, donnant donc sur la mer de Chine et un lieu assez stratégique de la seconde guerre mondiale. Un lieu désormais qui se visite pour les touristes et qui se fait mémorial de cette période sombre de l'histoire. Les visite se font sur la journée, à moins que vous souhaitiez passer la nuit dans le petit resort de l'île. Je n'ai pas choisi cette solution, mais j'ai pu profiter de la visite. Fort intéressante bien que menée au pas de charge.
En quelques mots, pour faire simple, Corregidor était, avant la WWII, une base américaine, où MacArthur est resté jusqu'en mars 1942. Les Japonais ont pris l'île en mai 1942 avec la rédition de Wainwright et les Américains leur ont récupéré un peu plus tard à grand coût en vies humaines, la rédition n'étant pas dans la mentalité nippone. L'île, de part sa position stratégique, a été un enjeu conséquent au cours du conflit du Pacifique, et des milliers de tonnes d'obus ont été déversés sur cette île. A la fin du conflit, les 9km² de terre étaient dépourvu de la moindre végétation. Aujourd'hui la très grande majorité de l'île est recouverte d'arbres et de forêts, ce qui donne une idée assez biaisé de ce à quoi devait ressembler cet enfer autrefois - aujourd'hui, hormis les ruines, la couleur de la mer et du ciel en feraient plus une destination emballante. Malgré la vue sur la pointe de terre au nord de la baie où trône une vilaine usine qui casse un peu le paysage.
Pour aller sur place, il faut donc prendre le bateau, et la traversée, question de bien vous rassurer, démarre avec, sur chaque petite télé de la salle du bateau, par la prière du marin, qui dit que si on coule, on espère que nos proches prieront pour nous et que si on arrive sauf, il faut remercier Dieu. Ca et les membres de l'équipage qui se signent, c'est toujours rassurant. Mais bon, est est arrivé sain et sauf, et j'en suis la preuve vivante. Sur l'île nous sommes pris en charges dans des bus avec sièges en bois faits pour qu'on puisse vite descendre et remonter. Notre guide est Joey, il a la soixantaine et nous raconte vite sa petite vie avant de nous expliquer le chemin que l'on suivra. On monte dans le bus; et on aura régulièrement des petits arrêts pour nous permettre de visiter une zone donnée, de prendre plein de photos, et de remonter ensuite. Il fait la visite en anglais, debout à l'avant du bus. Il nous explique que l'on fera plusieurs arrêts, que le midi on mange au restaurant qui nous est réservé et inclus dans la visite et qu'on terminera ensuite.
La visite, donc, nous mène sur de multiples lieux qui ont servi sur l'île depuis près de cent cinquante ans, au cours des diverses occupations : les Espagnols jusque vers 1900, les Américains, puis les Japonais. La plupart des bâtiments Américains sont leurs barraques, ces grandes barres de béton renforcé dont ne restent que les squelettes. A leur construction il y a cent ans, ils étaient conçus pour durer et resister au rude climat qui règnait sur l'ile. Un siècle après, victimes des bombardements et incendies, restent debout leurs murs creux, qui laissent toutefois imaginer assez clairement la taille imposante de l'implantation militaire, et donne une bonne idée des troupes nombreuses en présence. L'impression est d'autant plus vraie dans la zone au sommet de l'île, où se situe la carcasse du cinéma et de la commandanterie, ainsi que l'actuel musée de la guerre et le mémorial de la guerre du Pacifique, avec une flamme éternelle d'une part et de l'autre un dome en forme de casque de soldat ouvert en son sommet, et prévu de telle sorte que le soleil viennent parfaitement illuminer la stelle centrale lors de l'anniversaire de la bataille qui a ensanglanté l'île. Il y a aussi en théorie autour des bassins et jeux d'eux propices à la sérénité, mais faute de budget, la zone aquatique a été coupée et n'est plus entretenue...
Au cours de nos promenades sur l'île, nous verrons également des maccaques dans les arbres, sauter de branche en branche, et donc quelques représentants des différentes colonies, qui selon Joey peuplent l'île. C'était la première fois que je voyais de tels animaux en liberté.
Parmi les autres sites visités sur l'île, il y a évidemment toutes les batteries, ces zones où étaient implantés les immenses cannons et artilleries pour surveiller la baie et l'île. Des armes qui sont passées entre les mains des deux armées d'occupation de l'île durant la guerre. La plupart sont en bonne état, à l'exception de celles qui ont subit les impacts d'obus. La végétation avoisinantes complique toutefois la représentation des lieux au temps du conflit.
Autre point intéressant, le mémorial japonais, qui offre une histoire assez surprenante : lors de la reprise de l'île, les Américains ont enterré tous les soldats japonais morts sur l'île, mais l'information n'a jamais été relayée aux autorités locales ou japonaises, si bien que l'île est revenue aux Philipiines sans que personne ne le sache. La végétation ayant entre temps repris ses droits, personne n'a fait attention à la chose. Il a fallu qu'un vétéran, aidé d'une photo retrouvée par hasard, reviennent sur les lieux en 1986 pour qu'il retrouve le site et prévienne l'ambassade japonaise. Embassade qui a aussitôt, avec l'aval du gouvernement philippin, fait rappatrier les corps au Japon et offert un mémorial en lieu et place du cimetière.
D'autres lieux sont à mentionner, comme le mémorial des héros philippin, qui depuis une terrasse donnant sur la baie glorifie une quinzaine de figures historiques du pays, avec évidemment Rizal parmi celles-ci. Et notons aussi le Malinta Tunnel qui traverse la montagne principale de l'île. Il constituait autrefois l'axe principal du bunker américain, où était inclus un hôpital et les réservoirs de fuel et autres activités diverses. Il a aussi été le cadre de la mort des Japonais retranchés lors de la reprise de l'île : les Nippons refusant de se rendre s'y étaient enfermés ; les américains ont inondé le lieu de fuel par des pompes reliées à leurs navires depuis la mer avant d'y mettre le feu... Aujourd'hui, la traversée du tunnel est le cadre d'un son et lumière qui retrace les grandes phases de la guerre à Corregidor : A différentes entrées de galeries transverses, des tableaux avec des mannequins et des films ou enregistrements sonores vous racontent ce que fut Corregidor. Une visite avec paiment complémentaire sur place, intéressante. La visite s'est terminée par le passage au phare, construit par les Espagnols initialement mais rebatti depuis. On a de son sommet une vue sur toute l'île et sur la baie, et la vue mérite le détour, même si, une fois au sommet, les touristes s'y bousculent, et même si grimper au sommet oblige à passer par des échelles un peu raides...
La visite, si intéressante, a malheureusement le désavantage de se faire au pas de course, le temps alloué à chaque lieu étant chronométré par les guides pour permettre à tous les groupes de visiter chacun d'eux en évitant les mélanges. Au final, on voit des choses mais sans avoir toujours le temps de tout voir ou d'aprécier les lieux, ou de plonger les orteilles dans cette eau limpide qui pourtant était monstrueusement tentante. L'idée de rester la nuit sur place semble de ce point de vue appréciable, permettant de visiter les lieux et l'île à son rythme et sans guide, jusqu'au bateau du lendemain matin... L'île étant assez grande, pas de risque de s'ennuyer si on passe une nuit sur place. Reste à voir les tarifs, la visite en elle-même étant malgré tout assez onéreuse, surtout en connaissance du niveau de vie local... Une sorte de paradoxe : l'histoire de Corregidor, intimement liée à celle du pays, est donc accessible plus facilement aux étrangers de passage qu'aux habitants de la région qui n'y sont jamais allé du fait de cette contrainte financière...

Makati

Le centre de Makati, ce n'est pas les Philippines : c'est la City, c'est South-Mannathan, c'est la Défense. A ceci près que les entrées des passages souterraubs à chaque intersection se font en montant d'abord de trente centimètres avant de prendre les escaliers pour écarter tout risque d'innondation en cas de mousson. Mkati, donc, l'un des centres d'affaire de Manille, ce sont de grands immeubles de verre et d'acier, de grandes artères avec plein de voiture tout le temps et quelques Jeepney, de gros hôtels, et de belles vues quand on va dans les bureaux de ses proches au presque-20e étage.
La surprise vous attend par contre si vous poussez les portes de la bibliothèque nationale. Un tout petit bâtiment, à l'intersection des deux principaux axes du quartier : vous découvrez alors que vous être dans l'ancien terminal de l'aérodrôme de Manille, ouvert en 1937 : les deux grands axes étaient ses pistes et donc, il y a 80 ans, il n'y avait strictement RIEN là où vous êtes, au milieu de cette immense ville. Les photos le prouvent. Le bâtiment, devenu au cours des années poste de police et restaurant, est désormais propriété de l'état et abritent des archives du pays, dans une salle de bibliothèque modeste. S'y trouvent pourtant des classeurs avec témoignages de survivants des guerres et des évènements historiques. Et pour 20 pesos, vous avez le droit de regarder un petit DVD racontant l'histoire des lieux. La salle de consultation ne laisse pas présager qu'il s'agit là d'une institution nationale sensée garder la mémoire du pays, mais le concept est récent dans ce pays qui globalement n'a pas trop gardé de trace de son histoire et de son identité au-delà d'un siècle. Une notion récente dans un pays qui n'a vraiment acquis son indépendance et ne s'est libéré de toute occupation qu'après la seconde guerre mondiale...
Si on étend l'observation générale à Manille, on peut signaler d'autres curiosités qui font froid dans le dos : ces ouvriersqui travaillent sur des nacelles composées de quatre troncs de bambou -voire trois- à quelques dizaines de mètres de haut pour rénover un immeuble ou nettoyer des vtres, ces pubs immenses pour le rugby local (!) ou des projets immobiliers ventés par des jeux de mots douteux et ces messes en plein milieu de centres commerciaux deux semaines après Pâques...

Cagayan de Oro, Mindanao !

Cagayan de Oro est la troisième ville du pays, située au nord de l'île de Mindanao, la grand île au sud de l'archipel. Cagayan est une ville stable politiquement sur une île ou des mecs un peu trop extrêmistes pour être de bons croyants narguent les forces philippines. Quoiqu'il en soit, Cagayan est à une heure et demie d'avion, et a été le but d'une excursion de vingt-quatre heures à but semi-professionnel... mais pas pour moi.
Mon cher frangin bosse dans une boîte qui fait partie d'une grosse boîte qui donne des sous aux gens qui reconstruisent des maisons pour ceux qui ont tout perdu lors d'un cyclone l'an passé. Une situation malheureusement courante dans ces contrées... Bref, donc la grosse boîte a donc donné des sous à une association qui reconstruit 200 maisons de 20m² sur un terrain offert par la municipalité de Cagayan. Et en tant que donatrice, la grosse boîte a envoyé des représentants de ses filiales pour de la communication et découvrir les travaux entrepris par l'organisation. L'occasion donc d'accompagner mon frangin sur place et de donner avec ses collègues un petit coup de main aux ouvrier tout en se laissant prendre en photo pour la communication extérieure de la grosse boîte...
Cagayan, on y va en avion. Pour l'avion, on prend Philippines Airlines, et de fait, on découvre le super terminal flambant neuf et quasi désert de Manille. Explication : il a été construit par des investisseurs étrangers, mais au final et après des mois de procédure où il est resté vide et a coûté des millions aux contribuables locaux pour être maintenu en état... il a été accaparé par les compagnies locales, tandis que toutes les autres se débattent dans le vieil aéroport exigu... Néanmoins, après une bonne heure de retards, nous nous sommes envolé vers le sud, en survolant moults bidonvilles, d'autres bidonvilles et encore des bidonvilles. On a volé au-dessus de l'archipel, entrevoyant Sebu, l'une des principales villes du pays. Après quelques cercles au-dessus de collines marquées au creux desquelles sillonne un fleuve, après le survolle de champs de palmiers et des zones verdoyantes sans traces de la moindre ville, l'avion semble en mode atterrissages mais les collines perdures et on se demande QUAND apparaîtra la ville et la piste. Au dernier moment, bien sûr... L'aéroport ne présente qu'une seule piste, donc au bout, il faut faire demi-tour pour revenir vers le terminal... un unique bâtiment sur le toit duquel on nous accueille dans la "cité de l'amitié dorée". L'aéroport est assez fendard. On descend sur la piste et traverse le tarmac à pattes, et il suffit de passer une tonnelle métallique pour se retrouver, dans une pièce couverte mais ouverte sur la piste, dans... le hall d'arrivée. Point de portique de sécurité, et le convoyeur à bagage est alimenté à la main par un employe qui y pose vos valises, à deux mètres de vous, les pieds sur la piste alors que vous êtes à couvert, "dans" le bâtiment. Il n'y a pas de toute façon, beaucoup de vols chaque jour, et aujourd'hui, les deux vols sont arrivés presque ensemble et tous les deux à la bourre. Bref, on se retrouve donc tous, frangin et collègues de celui-ci, à sortir de l'aéroport pour embarquer dans un grand van, honnête d'apparence mais avec au mieux des ceintures ventrales (au secours!) pour rejoindre Cagayan à une dizaine de kilomètres, et descendre à l'hôtel retenu. Un hôtel grand luxe à environ 35€ la nuit, avec une jolie piscine qui aura le mérite de nous rafraîchir dans la torpeur locale... La journée est libre et les occupations officielles ont lieu le lendemain. D'ici là, il y aura des séquences restaurant (miam) avec le big boss qui décide du repas de tout le monde à lui seul (mais miam quand même; hein !!!) et des balades dans le centre de la ville tandis qu'on nous annonce une alerte tsunami par téléphone ("bah, si y'a une grosse vague on courra" me sort mon frère en se marrant alors que mon estomac se retourne). La balade dans le centre, alors qu'un orage couve et que nous sommes en short et t-shirt (la tenu la plus supportable en ce temps) et que la nuit est tombée, nous mène sur une place du centre où des dizaines de tentes sont tendues : des rescapés du typhon de l'année passée sont logés là par dizaines, ainsi que dans des camps un peu partout (nous avons ainsi vu un camp des nations unis pas loin de l'hôtel). Un écran géant a été dressé et une projection publique informe les gens des méthodes utilisées par les rebelles islamiques qui se cachent dans le sud de l'île...

Le lendemain, donc, opération communication et d'aide à la construction de maison. Nous nous levons tôt, déjeunons en grand luxe (miam) et vêtus de T-shirts aux couleurs de la grosse boîte dont mon frère est employé, en compagnie d'une des pointures de celle-ci, nous rejoignons une école dans laquelle sont logés tous les volontaires qui officient sur le chantier. Une école aux Philippines, c'est en général des bâtiments bas d'un étage ou deux au plus, et au centre, une cour couverte par un toit très haut en-dessous duquel se trouvent un ou deux terrains de sport. Cela permet d'être en plein air et donc non enfermé pour faire du sport, et surtout d'être abrité pendant les mois de mousson... Pour l'heure, au réveil, les volontaires sont tous là-dessous et un groupe de musique motive tout ce petit monde en jouant un morceau entraînant... auquel répondent les volontaires en dansant à grand renfort de dépenses d'énergie. Une motivation qui vous ragaillardit et vous met du bon pied le matin. Un moyen surtout pour tout le monde de bien se réveiller et d'être d'attaque avant de partir sur le chantier.
Après un petit discours et des applaudissement des volontaires au représentant de la compagnie qui finance le projet, nous remontons en voiture pour partir sur le chantier tandis que les volontaires utilisent deux camions prêtés par l'armée et se tassent sur la plate-forme arrière de ceux-ci, debout, et sans aucun moyen de s'abriter du soleil qui commence à taper sérieusement en ce début de matinée. Mais le chemin réserve une autre surprise, puisque le terrain retenu pour le chantier domine l'un des cimetières de la ville et que pour l'heure, le seul moyen d'accès au site traverse ledit cimetière... Nous entrons donc dans celui-ci en voiture comme dans une ville, pour la simple et triste raison que le cimetière est également lieu de vie, avec des habits accrochés de tombe à tombe et des gens vivant sous les abris construits au-dessus de certaines d'entres elles. Des dizaines de gens déambulent le long de l'allée principale alors que nos véhicules soulèvent de la poussière et passent à deux pas de tombes vieilles de moins de dix ans mais qui en paraissent quarante. Plus loin, deux gamins s'activent à démanteler une stèle en béton qui ne tient plus en terre que par deux barres de métal tordu. Le cimetière, par ailleurs à flan de colline, s'étalant dans les creux et flans du relief sans limites distinctes, semble pousser sans ordre précis, au milieu de la végétation, donnant des touches de couleurs éclantes un peu partout au milieu du vert...
Nous arrivons finalement sur le chantier, en se disant que les volontaires, debout à l'arrière de leur camion sur la route de terre pleine de nids de poule, sans abri pour le soleil et la poussière, ne vont pas se marrer. Le chantier, donc : une large surface, en légère déclivité par rapport au cimetière (on ne le voit donc pas depuis le terrain), avec des arbres d'un côté, et le cimetière de l'autre, en contrebas. Et 200 maisons en construction. Le lotissement a été conçu en plusieurs allées, et les maisons suivent globalement le même plan, avec une surface d'environ 20m². La plupart ont déjà leurs murs de construit, avec une dalle bétonnée. Peu d'entre elles sont déjà couvertes, pour la simple raison que le chantier n'est pas encore raccordé au réseau électrique et que tout, jusqu'ici, se fait à la force des bras. Ce qui n'est pas une mince affaire. Le responsable de l'association nous fait visiter les lieux tandis que les volontaires arrivent. Le système de construction s'organise comme suit. Les dalles sont élaborées, puis les murs en briques, couverts ensuite d'une couche de béton et peintes en blanc d'abord, puis couleur ensuite (ce qui n'a pas encore été entamé à notre arrivée). Puis vient la pose du toit, avec poutres métalliques et tolles par-dessus. Des fenêtres de taille modestes, et des habitats ressérés, avec entre chaque bâtisse un étroit passage destiné à rester ombragé. Car depuis le haut du plateau, ça tape sérieux, et il n'est pas neuf heures. A terme, chaque paire de maison aura sa fosse sceptique chimique, des points d'eau seront installé et de même pour l'électricité. Pour l'heure, la construction n'en est qu'aux murs, mais une maison se détache du lot : elle est la plus en contrebas du terrain, à l'angle du lotissement, et à deux pas d'un immense arbre sous lequel l'association invite les donateurs à discuter ou négocie des donations. Cette maison est donc appelée à être l'exemple à montrer aux potentiels investisseurs, et on nous propose donc de travailler sur celle-ci, pour qu'elle ait un aspect extérieur au plus proche de son look final. Ce qui, quand on arrive, signifie qu'il faut encore poser le toit, finir les deux marches en béton pour passer la porte, passer la couche de peinture blanche, puis de couleur, et remblayer avec de la terre pour installer quelques plantes vertes. Rien de moins.
Alors on s'y met. Généreusement, on nous alloue le côté à l'ombre de la maison en ce début de matinée, question que l'on travaille à l'ombre et qu'on ne souffre pas trop de la chaleur qui commence déjà à bien se faire sentir. On attaque donc avec nos pinceaux, rouleaux et rouleaux télescopiques à peindre les deux faces visibles de la maison depuis l'arbre aux négociations. Les volontaires sont eux sur le toit à monter le toit (scier, visser avec un tout petit groupe électrogène, poser, ajuster, tout ça au soleil), à finir le béton de l'entrée, ou - avec l'aide d'une bande de marmots qui débarquent soudain - à passer du plan à haute d'yeux d'enfants de sept ou huit ans. Peindre nécessite d'appuyer, surtout quand on a un bras télescopique pour aller attendre des hauteur de plus de trois mètres... Comme il fait chaud tout sèche très vite, les peintres inclus. Mais vu qu'on est à l'ombre et qu'on a le job le moins demandeur énergétiquement, on s'imagine vite ce que subissent "les autres", ailleurs sur le chantier. Votre chroniqueur devient vite une fontaine mais poursuit son acte de peinture tandis que le soleil grimpe dans le ciel et que l'ombre se réduit. J'attaque bientôt un troisième pan de la maison, me retrouvant dans la petite ruelle à l'ombre, ce qui n'est pas un regret. Puis la peinture blanche arrive au fond des pots et de toute façon, les deux façades importantes sont couvertes. Le temps que tout cela sèche (quelques minutes) et de réhydrater le bonhomme plein de taches de peinture (les chaussures de rando en portent encore les traces), on ouvre la peinture jaune. Et après quelques essais de teintes, on attaque. Puis ensuite c'est chaîne humaine pour relayer les sacs de terre pour garnir les alentours de la maison et pouvoir enfin poser les pots de fleurs autour pour pouvoir faire les photos - de la maison et du groupe devant celle-ci. Il est midi et quelques, je ne ressemble plus à rien (lire : "sueur, peinture, odeur, tâche, cheveux") mais le travail en vaut la chandelle. Même si je n'ai bossé qu'une poignée d'heures à l'ombre sur une tâche pas trop demandeuse. Juste assez pour inspirer tout le respect requis à tous ceux qui bossent sur ce chantier. Si ces maisons ne sont certes pas au standard européen, il est clair que la différence qu'elles offriront avec les tentes plantées dans le centre de Cagayan ou les cabanes alentours seront une amélioration notable pour ceux qui pourront en bénéficier. Restera alors pour les volontaires à ajouter les fenêtres et portes à la maison-témoin, puis à compléter l'ensemble du chantier. Cela dit, sachant qu'en deux mois et demi et sans électricité ou presque ils ont déblayé le terrain et batti tout ce qu'on a pu voir (deux mois et demi - c'est édifiant) je ne doute pas qu'ils progresseront rapidement si l'électricité leur est également fournie sous peu.
Inutile de préciser le bien-être qu'a procuré une douche une fois revenu à l'hôte et comment je n'ai rien vu du retour aérien une fois dans l'avion. Entre temps, toutefois, on aura attendu quelques temps de plus dans l'aéroport, côté départ cette fois. La sécurité y est plus conséquente qu'à l'arrivée, et on aura eu une petite discussion avec les responsables locaux de l'aéroport en attendant que notre avion ainsi que tous les autres arrivent avec le retard habituel de leurs précédents vols...
Au final, un voyage court mais enrichissant, qui a permis de voir un autre aspect des Philippines, et de relativiser nos conditions de travail et de vie dans nos bons vieux pays occidentaux.

Los Banos et le lac aux aligators (sans aligators) !

Pour notre dernière excursion, nous partons encore vers le sud, pour rallier Los Banos et le lac aux Alligators... Toute une aventure. Ledit lac est donc un petit lac séparé par une toute petite langue de terre du grand lac qui occupe le centre de l'île principale du Nord des Philippines. Un tout petit lac, donc, très joli mais très difficile d'accès. En gros il faut savoir comment y accéder. A notre première tentative, équipé d'un GPS et de notre sens inné de l'orientation, la fratrie française dans sa grosse Toyota s'embarque dans une ruelle qui sinue entre le petit et le grand lac. Sauf qu'autour il y a des maisons partout, que la rue est étroite, que y'a des piétons partout (il fait beau, chaud, et les gens se baladent pénard) qu'il faut avancer à deux à l'heure pour ne pas accrocher pousse-pousse, piétons, voitures garées ou chiens indolents... On avance, on avance, on entrevoit de l'eau au-delà des cours des maisons le long de la route, mais pas d'accès à quelque lac que ce soit. Et finalement, on arrive au bout de la rue, avec une zone d'entraînement pour le tir à l'arme à feu, et on se dit que se garer ici n'est PAS une bonne idée, d'autant qu'aucun accès au(x) lacs ne semble clairement défini. Et puis le GPS est dans les choux. Alors bon, en mode Indiana Jones on se fait un demi-tour et on reprend la rue en sens inverse jusqu'à trouver la bonne intersection qui va bien pour rejoindre le vrai lac aux Alligators (car entre temps on a réalisé qu'on longeait le mauvais lac). On se retrouve donc sur une rue un peu plus large, sans maisons, mais avec la ligne de chemin de fer typiquement phillipine à côté (lire : "pas de protection, passe à 1m des premières habitations, pas de caténers, juste plein d'herbe partout entre les rails et pas d'avertissement en dehors des passages à niveau").
Bref, on se retrouve finalement en terrain couvert par le GPS, on entre dans une zone qui aurait sûrement du un jour être un lotissement mais qui sent bon la faillite (des routes qui sinuent au milieu d'un champ avec l'impression nette qu'on circule au milieu de parcelles jamais construites, hormis une sorte de maison témoin abandonnée), on arrive en bout de route et finalement, entre les arbres, en contrebas, on entrevoit de l'eau. Yeah. C'est bon, on y est. On sort de la voiture, on regarde le sentier qui s'enfonce dans l'herbe haute et dégringole le long de la colline sous les arbres. Oui oui, pour rejoindre le bord du lac, il faut passer là-dedans et espérer qu'il n'y a pas de serpents. On y va donc et une fois qu'on a bien levé les jambes et qu'on est descendu de quelques mètres, hop, on contourne le terrain de la petite maison qui date d'avant le lotissement qui n'a jamais été construit, et on se retrouve, au milieu d'un sentier en terre battu, au bord du lac. Qui est juste beau. Un lac planté au milieu d'une sorte de petit lagon avec des arbres à peu près partout sauf au niveau de l'hôtel qui donne sur le lac, et deux trois autres maisons plus loin. Mieux, l'attrait principal est cette portion de roche qui sépare le lac aux alligators de l'autre gros lac : clairement, cela ressemble à une arche qui s'est effondré en séparant les deux étendues d'eau. On contemple une brèche étrange, et c'est très dépaysant, et si on n'était pas déjà sous les tropiques, on dirait que c'est justement un paysage tropical...
Le temps de prendre des photos et de profiter de la vue révolu, nous remontons par le même chemin dans la voiture pour rejoindre Los Banos et le campus de l'Université des Philippines. Le campus est l'une des plus grosses entités de celle-ci et se situe en bordure de la ville, à moitié à cheval sur les flans des collines à la végétation luxuriante. On se promène donc dans les allées de l'université déserte en ce week-end, puis nous décidons d'aller au jardin botanique, au point le plus haut de la route, sur la colline. On arrive une demi-heure avant la fermeture, et nous sommes donc de rares personnes dans l'enceinte de celui-ci. Il y a des fleurs un peu partout, des arbres immenses, il fait chaud et suffocant. On descend la bonne centaine de marche qui nous conduit dans le sous bois au bord d'un ruissant clapotant qui en période de moussons doit devenir un torrent assez violent. Puis on remonte, forcément, et en sueur, forcément aussi. On suit alors l'allée principale qui s'enfonce dans la forêt non sans avoir croisé un gros insecte semblable à une fourmi aîlé de taille vingt fois supérieure à celles que l'on verrait en Europe. Plus loin sur le chemin, quand celui-ci croise le ruisseau que l'on a visité dans sa gorge encaissée un peu plus tôt, les bruits de la forêt deviennent édifiants. Nous ne sommes plus dans la civilisation, nous ne sommes plus dans un jardin botanique, malgré la construction décrépite à côté de nous : nous sommes dans la forêt vierge, dans la jungle, loin de tout. Des bruits de grillons, des sifflements de bévêtes assourdissants, des râclement, des cris d'oiseaux, toute une cacophonie de sons étranges et puissants que rien n'arrête, pas même le fait d'envoyer une grosse branche morte au milieu des herbes folles. Sous le soleil puissant, au milieu de cette verdure et de ces lianes qui pendants aux branches des arbres immenses, on se sent seuls et tout petits dans une nature qu'on ne maîtrise pas...
Ravis de l'expérience, on ressort du jardin botanique, après avoir revu notre étrange insecte s'envoler sous notre nez, et incapable d'identifier les choses probablement terrifiantes qui mêlaient leurs cris au fond sonore terriblement puissant du lieu. Etait-ce un mal, je n'en suis pas sûr ! Ne restait alors plus qu'à rentrer en faisant à nouveau l'expérience des réseaux de transports efficaces de cette région du monde...